Le procès intenté contre le commandant Sékou Resco Cas-marrant et le général Nouhou Thiam était censé se poursuivre ce 25 juin au TPI de Dixinn, deux mois après la première audience. L’ancien Gouv des ordures ménagères de Cona-cris et l’ex chef d’Etat major désarmées sont traduits devant cette juridiction par une quinzaine de jeunes qui les accusent de racisme, d’ethnocentrisme, de régionalisme, de crime et délit dans l’exercice de leur ponction. Les plaignants sont appuyés dans cette affaire qui remonte à octobre 2010 par des ONG de défense des droits humains, telles l’OGDH et la FIDH. Mais l’audience n’a pu se tenir. Et pour cause. Ni les accusés ni leurs avocats sans vinaigrette n’ont fait le déplacement. Le respect de la loi peut se faire voir ailleurs, eux ils s’en balancent. Pourtant, la partie civile tenait à la poursuite des débats, sollicitant même une suspension momentanée afin d’entrer en contact avec la partie adverse. Les dégâts n’ont finalement pas repris. Le juge, Mangadouba Sot a tout simplement renvoyé l’affaire au 23 juillet prochain, avec obligation de comparaître pour les accusés. Qui vieillira verra !

Ce nouveau renvoi fâche Aliou Barry, patron de l’Observatoire guinéen de la démocratie et des droits de l’homme, lui-même victime dans cette affaire : « Il n’y a pas eu d’audience. Si je n’étais pas en Guinée, j’aurais dit que c’est une surprise, mais, pour le moment, le mot justice n’existe pas dans ce pays. Je ne peux pas comprendre que des gens qui sont sous contrôle judiciaire, qu’ils soient convoqués à une audience mais qu’ils ne se présentent pas. Le tribunal avait tous les moyens de les contraindre à venir. Personnellement, j’ai la nette impression que les accusés cherchent à gagner du temps, parce que c’est la troisième fois qu’on reporte ce procès. Juillet, c’est la veille des vacances judiciaires, tout porte à croire qu’il n’y aura pas procès avant novembre. Mais les accusés doivent savoir qu’on est déterminé à aller jusqu’au bout », rouspète Aliou Barry.

Martin Pradel, militant des droits de l’Homme et membre du collectif des avocats de la partie civile, lui, reste mesuré : « Nous attendions à ce que ces personnes viennent répondre aux questions de la justice, mais nous voyons qu’elles ne se présentent pas. On dit souvent que la justice est une vieille dame qui avance lentement. Mais tout le monde sait qu’elle ne s’arrêtera pas lorsqu’il s’agit de porter un regard sans aucune complaisance sur les violences que ces victimes ont vécues. Et viendra le jour où un jugement sera porté sur les agissements des uns et des autres. Nous souhaitons un jugement de condamnation ». Un poing, c’est doux !

Les 23 octobre 2010, entre les deux tours de la sélection pestilentielle, alors que la ville de Cona-crime était en proie à des violences, le cortège du prési de la Transition, El Tigre Konaté, aurait essuyé des jets de pierres au niveau du quartier Hamdallaye. Des jeunots ont été arrêtés ensuite et torturés à l’Escadron mobile de Hamdallaye, devant Sékou Restau et Nouhou Thiam.