Le bicéphalisme s’installe au sein de l’Association des greffiers de Guinée. Une bonne partie des greffiers du bled sont en crève depuis le 8 juin dernier. Ils réclament l’application de leur statut particulier, notamment l’augmentation de leurs primes et indemnités. Le mouvement paralyse pratiquement tous les tribunaux à Cona-cris. Mais ce lundi 11 juin, le prési contesté de l’Association des greffiers a tenté de reprendre les choses en main, en organisant une assemblée générale à la Cour d’Appel de Cona-cris. Histoire de mettre les points sur les « i ». Bandjou Doum-bouillant et son adjoint, soupçonnés par les grévistes d’être des pions des autorités judiciaires, sont opposés à la démarche de leurs collègues : « L’objectif c’est de se mettre d’accord pour constituer un comité de suivi de nos revendications. Nos collègues qui sont partis, qui sont dans la dissidence et nous avons le même objectif, l’amélioration de nos conditions de travail. C’est la forme qui a manqué sinon nous ne sommes pas des adversaires ». Pour Bandjou Doum-bouillant, les grévistes ont violé les principes de la crève dès le début du mouvement : « Nous voulons respecter la procédure de grève, nous sommes affiliés à une fédération syndicale, on ne peut pas se lever un beau matin pour déclencher un mouvement sans se référer à sa fédération syndicale. Si nous restons dans le cadre de l’association des greffiers, il y a des procédures administratives à suivre. Nous avons un chef de département, on ne peut pas braver l’autorité supérieure. Quand vous appartenez à un ministère il faut demander son avis pour faire certaines choses ». Le prési contesté de cette association admet cependant que des tractations sont en cours pour faire revenir à la raison ces jeunes grévistes qu’il qualifie d’inexpérimentés : « Ils parlent d’association de jeunes, mais jeunes vont vieillir un jour et c’est nous qui leur avons transmis ce qu’ils ont comme connaissances. Ils n’ont ni mandat, ni qualité pour déclencher une grève. Il y a des volontaires qui vont aller les voir pour qu’on aille chez notre chef de département afin qu’il nous accompagne dans nos revendications. »
Cette réunion organisée par Bandjou Doum-bouillant et sa bande agace les grévistes. Ils soupçonnent le prési de cette association de vouloir manipuler l’opinion en regroupant des élèves greffiers : « Il n’a pas tenu la réunion avec les greffiers, mais avec les élèves greffiers. Des gens qui n’ont même pas fait la formation théorique d’abord, à plus forte raison la formation pratique pour être greffiers. Tous les greffiers observent la grève. Cette réunion est sans effet parce que tous les tribunaux sont fermés à Conakry et à l’intérieur du pays. Nous sommes sans crainte. Pour nous, l’objectif sera atteint, c’est-à-dire le paiement des primes et indemnités de tous les greffiers de Guinée » affirme Tamba Ouendeno, un des grévistes. Il indique d’ailleurs le bureau dirigé par Bandjou Doum-bouillant et son ami n’est plus légitime aux yeux des grévistes, puisque son mandat serait arrivé à échéance depuis juin 2017. C’est l’épisode Soumah-SLECG qui se transporte dans le secteur judiciaire.