Depuis ce mardi 19 juin, Fria est dans une posture de fête : les principales artères de la ville ont été repeintes à la chaux blanche, un véhicule sonorisé parcourt la cité de l’alumine pour mobiliser les populations en vue de réserver un accueil grandiose au président Alpha Condé. Des tentes et un podium sont installés sur le terrain de football de Fria, quartier Sabendè, non loin des trois immeubles construits par l’industriel français Pechiney pour loger les 1200 travailleurs de Friguia. Cette raffinerie d’alumine, la première en terre africaine de Guinée, construite en 1957 était à l’arrêt depuis avril 2012, suite officiellement à une grève syndicale pour des meilleures conditions de travail. Mais faut-il rappeler qu’à l’époque le cours de l’aluminium avait chuté sur le marché mondial. Commence alors une crise qui a duré cinq ans, occasionnant des fuites massives de la cité d’alumine autrefois « Petit Paris » devenue ville fantôme.
Depuis avril dernier, les travailleurs ont retrouvé le chemin de l’usine, excepté les meneurs de la grève qui continent de subir les représailles de Rusal, le concessionnaire russe. Quatre équipes travaillent jours et nuits pour produire environ 600 tonnes d’alumine calcinée par jour, soit le tiers d’avant la crise.
Et Fria retrouve peu à peu son sourire d’antan. Mais pour en arriver à ce redémarrage, il aura fallu céder le riche gisement de bauxite de Dian-Dian, à Boké. Alpha Condé y a lancé ce 19 juin les activités d’exploitation du minerai. C’était là une condition non négociable. Il en fera de même ce mercredi 20 juin 2018 ici à Fria où il est attendu vers 10h. Il tiendra un discours puis se rendra à l’usine située à environ un kilomètre du terrain de Sabendè pour symboliquement redémarrer la production de l’alumine.

Diawo Labboyah, envoyé spatial