Le collectif des avocats des victimes des massacres du 28 septembre 2009 était sur les braises ce 6 juin à Coléayah. Histoire de bavarder sur les derniers développements dans cette affaire qui cristallise encore les attentions. Le comité de pilotage de ce procès a été installé le 1er juin dernier. On se dirige désormais vers la dernière ligne droite pour le début du procès. Les avocats des victimes qui ont salué la mise en place de ce comité de pilotage, ont cependant des préoccupations. La première, c’est la requalification des évènements. Qualifiées de crimes contre l’humanité au lendemain des tueries, les charges ont été modifiées au cours de l’instruction. La seconde inquiétude, c’est la situation financière des survivants. La plupart d’entre eux traverseraient actuellement des moments difficiles. Le collectif demande d’ailleurs au goubernement, à l’Union Européenne  et autres… une assistance des victimes pour des soins médicaux et des moyens de subsistance. Mais la situation qui agace de plus les avocats, c’est l’absence du pays d’El Dadis Cas-marrant et d’El Tigre Konaté, respectivement prési de la roue-publique et sinistre de la défense au moment des faits.   

El Dadis a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de se mettre à la disposition de la justice guinée-haine. Il s’est même retrouvé dans l’avion avec l’intention de venir à Conakry, il en a été empêché. Quand il a perdu sa maman, il a été autorisé à assister aux funérailles. Dès après l’enterrement on l’a remis dans l’avion pour Ouaga. Maitre Bassirou Barry se pose des questions : « Pourquoi on empêche la capitaine Dadis de rentrer et de se mettre à la disposition de la justice ? Avant qu’on ait une réponse à cette question, nous nous pensons que c’est parce qu’on a peur qu’il vienne dire des choses qu’on ne veut pas entendre. Nous devons tous nous battre pour qu’il soit là, il est l’un des principaux mis en cause dans cette affaire. Comment on peut imaginer un procès juste et équitable sans le principal accusé, cela n’a aucun sens et cela montre qu’il y a des gens qui ont des choses à cacher ».

S’agissant du Tigre Konaté, deux commissions rogatoires ont été envoyées pour l’entendre, elles ont toutes été bloquées. La plainte déposée contre lui ici en Guinée a tout simplement été rejetée. Le prétexte qui a été donné par les juges est qu’on ne connaît pas l’identité des parents de Konaté, disent les avocats. Là encore, maitre Bassirou Barry croit savoir la raison : « Dadis et Konaté sont rentrés de Labé le 27 septembre, et le même jour Konaté dit qu’il faut qu’il aille en forêt. Il n y a pas ce que Dadis n a pas fait, il n a pas voulu. Moi personne ne peut m’empêcher de penser qu’il voulait se fabriquer un alibi. C’est pourquoi on voulait qu’il soit entendu en tant que ministre de la défense. Il y a des choses qu’il sait et il aurait exprimé sa volonté de déposer une liste des personnes impliquées à la CPI. Mais il aurait pu communiquer cette liste aux juges guinéens. En réalité on ne veut pas entendre Konaté parce que lui aussi a des choses à dire. Nous aurons difficilement la vérité sans la présence de ces deux personnes ». On est encore loin du début du procès.