Le collectif d’avocats d’Aboubacar Sidiki Mara et les responsables de l’UGTG étaient sur les braises, ce 31 mai, à la maison de la paresse à Coléyah. Objectifs, faire l’état des lieux de la situation du secrétaire gênant adjoint de l’Union générale des travailleurs de Guinée, dénoncer également ceux qu’ils appellent la prise en otage par le chef de l’État de monsieur Mara, et l’immixtion de l’État dans les affaires syndicales. Le syndicaleux est incarcéré depuis début mai à l’hôtel cinq étoiles de Cona-cris. Pourtant, le juge qui instruisait le dossier a ordonné dès les premiers jours de l’enquête la libération provisoire de Sidiki Mara. Sauf que le parquet a opposé un niet catégorique. L’ordonnance de mise en liberté a été confirmée par la chambre de contrôle de la cour d’appel. Rien n’en a été : « Il s’agit des décisions pourtant rendues par des juges téméraires, n’ayant à l’esprit que le travail bien fait. Parmi ces juges, il y a la présidente de la chambre de contrôle de la Cour d’appel et ses deux conseillères. Elle est opposée au montage machiavélique des dossiers et à la pensée unique. Il y a le juge d’instruction du côté du TPI de Dixinn, Sékouba Condé. Il a trouvé le dossier léger et n’a trouvé aucune imputation pouvant valoir une incarcération du syndicaliste, a ordonné la mise en liberté provisoire de notre client. Cette décision a été confirmée par la chambre de contrôle de la cour d’appel. Mais nous nous sommes heurtés à des difficultés, aux recours fantaisistes des parquets dans le seul but de maintenir monsieur Mara en détention » explique Paul Yomba Kourouma, un des avocats de la défense.
 Actuellement, le dossier est pendant devant la cour suprême. Selon les avocats du syndicaliste, le parquet n’arrive même plus à prouver les accusations portées contre leur client : « Aujourd’hui ils ont le dilemme dans le cadre de la qualification des faits. Tantôt on parle de troubles à l’ordre public, tantôt de réunions illicites, et maintenant on nous parle de présomptions graves d’attroupement dans les extensions d’une société minière. Nous allons de bassesse en bassesse ». 
 Des manœuvres auraient déjà commencé pour encore retarder l’arrêt de la Cour suprême et prolonger ainsi la détention du secrétaire gênant adjoint de l’UGTG. Ses avocats se réservent le droit de porter l’affaire devant la Cour de justice de la CEDEAO : « Nous sommes en train d’épuiser les moyens à l’interne. Mais nous ne baisserons pas la garde. Si cette semaine monsieur Mara n’est pas libéré, le collectif saisira la Cour de justice de la CEDEAO pour violation des droits de l’homme, arrestation et détention arbitraires ». 
 Maitre Paul Yomba n’a cependant pas été tendre avec le prési Alpha Grimpeur qu’il accuse vertement de mettre les pieds sur cette affaire : « Je suis surpris que l’homme que j’ai défendu, et pour lequel j’ai perdu tous les avantages. Plus de dossiers d’État, plus de droit de cité en ville [NDLR: la commune de Kaloum], mon cabinet est à Bambéto. J’ai été en prison pour cet homme. Que cet homme qui a subi toutes les formes de brimades, impose à ses concitoyens les mêmes traitements, sinon plus sévères, je me demande à quoi mon combat aura servi ».