Après plusieurs reports, le général Nouhou Thiam et le commandant Sékou Resco Cas-marrant ont comparu ce lundi 23 juillet au TPI de Dixinn. L’ancien chef d’état major général des armées et l’ex gouv de la ville de Cona-cris étaient venus répondre des accusations d’éthnocentrisme, de régionalisme, de crimes et de délits dans l’exercice de leurs fonctions, dans le procès qui les oppose à une dizaine de jeunes et des organisations de défense des droits humains.

Pour cette audience, c’est le général Nouhou Thiam qui a été appelé à la barre par le juge Mangadouba Sow. Il a rejeté en bloc toutes les accusations : « Je ne reconnais rien dans cette affaire. Celui qui prétend le contraire n’a qu’à apporter la preuve. Quand j’ai appris que le cortège du président a été attaqué et que des personnes ont été arrêtées, je suis passé par l’escadron de Hamdallaye. Mais le Commandant (NDLR : Balay Cissé) n’y était pas. J’ai directement rebroussé chemin. Je n’ai parlé à personne et n’ai donné aucun ordre. Entre l’escadron et moi il y’a plusieurs commandements. C’est comme entre le premier ministre et un sous-préfet ».

Les rapports se tendent entre le général et l’avocat de la partie civile. Si vous n’avez parlé à personne pourquoi étiez vous là-bas ? Lui demande maître Alpha Amadou DS Bah. Nounou Thiam rétorque : « Je ne pouvais pas rester bras croisés. Aujourd’hui on s’acharne contre ma personne. On ne parle jamais des gens qui ont torturé et du lieu de la torture, j’aurais voulu que ces personnes comparaissent ».

Pour la première fois, les victimes ont été confrontées avec leurs présumés bourreaux. Aliou Barry, bosse de l’Observatoire national des droits de l’homme et de la démocratie raconte sa mésaventure : « Le 23 octobre vers 11h, j’ai été informé que la garde présidentielle tabassait des citoyens à Hamdallaye suite à l’attaque du cortège du général Konaté. Je suis venu dans un véhicule identifié. Quand j’ai essayé de parler aux bérets rouges, deux gardes se sont directement jetés sur moi. Ils m’ont asséné des coups et m’ont cassé le bras. J’ai couru me réfugier dans un atelier. Un autre qui avait une grenade est venu me dire que si je ne sors pas il va m’achever. Ils m’ont tiré de là, c’est dans ces conditions que j’ai reçu une balle. A l’escadron, nous avons été déshabillés et certains ont été battus devant le commandant De Gaulle. Mais si la vérité est dite je suis prêt à pardonner parce que cela est arrivé dans un contexte de désorganisation totale. Moi j’accuse personnellement la garde présidentielle, De Gaulle et le général Sékouba Konaté ». Les avocats de la défense se sont félicités que cette victime n’ait pas cité leurs clients : « Nous louons votre sincérité » s’exclame Sidiki Bérété. Une joie de courte durée puisque les deux autres victimes vont pointer directement la responsabilité des deux officiers, notamment le Commandant Resco. Amadou Diouldé Barry et Billal Guissé ont tous juré avoir entendu l’ancien gouv « ordonner à deux reprises leur bastonnade et proféré des injures à caractère ethnique à l’escadron de Hamdalaye. On nous a demandé si c’est Cellou Dalein qui a dit d’attaquer le cortège ». Des accusations encore rejetées par les prévenus. Pendant toute la confrontation, les débats ont tourné sur l’imputation de cette bavure aux deux officiers. Le tribunal a renvoyé l’affaire au 24 septembre.

Cette affaire remonte au 23 octobre 2010, lorsque le cortège du prési de la transition avait essuyé des jets de pierres à Hamdallaye. La garde pestilentielle avait alors investi le quartier, arrêté des jeunes qui par la suite auraient été torturés 72 heures durant avant d’être relâchés.