La marche dite “de la colère”, projetée ce vendredi 17 août, par l’inter-centrale CNTG-USTG, n’a pas pu se tenir. La cause, Claude le Cauris de l’Assemblée aurait donné l’ordre de ne pas laisser les manifestants rallier ses bureaux. Pourtant, tôt le matin, les travailleurs du Port autonome avaient investi la bourde du travail, point de départ de la manifestation. Pendant de longues heures, ils se sont guettés avec les flics mobilisés en grand nombre. Les nounous, pour la plupart en foulards rouges scandaient des slogans hostiles au régime du prési Alpha Grimpeur “A bas la vente du Port”, “A bas la mauvaise gouvernance, la corruption”, “A bas le népotisme”. Des banderoles : “Kaloum dit non à la vente du Port”, “Nous disons non à la vente illicite du port autonome de Conakry”.

A 10 h 15 minutes, les grognards éparpillés devant la bourde du travail se rassemblent, direction le palais du peuple. En tête de cortège, Mamadou Mansaré, secrétaire gênant adjoint de la CNTG. Ils entendaient ainsi remettre à Claude le Cauris de l’Assemblée un mémorandum dans lequel nombre de leurs revendications sont mentionnées. Les flics s’interposent et des négociations s’engagent entre protagonistes. « Le président de l’Assemblée nationale a donné l’ordre de ne pas vous laisser aller là-bas. Et le général (Bouréma Con-dé) interdit toute manifestation actuellement. Si vous marchez, ce n’est pas bon. Acceptez que deux ou trois personnes partent déposer votre mémorandum » lance un flic. Niet catégorique des manifestants et le bras de fer s’engage. Très vite les flics sont dépassés par la tournure de l’évènement, ils battent en retraite en attendant un renfort. Le cortège change de chemin et emprunte une ruelle du quartier Boulbinet. Mais les manifestants ont été stoppés net à Manquepas par une horde de flics qui ont surgi avec plus de cinq pick-up. Jets de pierres contre gaz lacrymogènes pendant une bonne quinzaine de minutes. Au moins un manifestant est arrêté. Mamadou Mansaré dénonce un usage excessif de la force : «  Nous voulions simplement dénoncer ce qui se passe dans ce pays. Notre démocratie pour laquelle nous nous sommes battus est en train de devenir un monstre. Nous voulions nous rendre à la représentation du peuple pour déposer notre plateforme revendicative. On nous a empêchés à travers une armada de gendarmes qui nous ont pulvérisés. Au même moment la rentrée du palais est complètement barricadée. Ils ont continué à jeter les lacrymogènes aux travailleurs du port qui ont poursuivi la marche dans le quartier »

Malgré la dispersion de la marche, le secrétaire gênant adjoint de la CNTG dont la centrale cherchait à travers cette mobilisation à redorer son blason vis-à-vis de la population se frotte les mains : « Pour nous c’est une grande victoire, nous avons encore démontré au peuple que leur mouvement syndical n’est pas corrompu comme on le prétend. Nous savons prendre nos responsabilités quand il le faut. C’est une grande fierté et nous allons continuer la lutte ».

Les citoyens de Manquepas furieux

Les face-à-fâche entre forces de dés(ordre) et manifestants ont engendré des dommages collatéraux dans le quartier Manquepas et Boulbinet. Les flics ont pourchassé les manifestants jusque dans les habitations, en jetant du gaz lacrymogène. Etouffés, les citoyens ont fini par être excédés. Ils ont barricadé la ruelle puis injures et autres grossièretés ont suivi. Des nounous ont même voulu en venir aux mains « A Kaloum on ne jette pas du gaz. Nous avons des malades, des bébés, nous ne sommes pas en banlieue. Nous ne sommes pas des manifestants, mais si vous voulez qu’on perturbe la cité on est prêt parce que cette situation ne peut pas continuer ». Les gendarmes se confondent sur le champ en excuse : « Nous ne voulons pas faire du mal à un citoyen de Kaloum. Ceux qui ont agi ainsi ne relèvent pas de nos unités. Calmez-vous et pardonnez pour ce petit désagrément » marmonne un flic. Quand le deux poids deux mesures prend le dessus.