Le SLECG, Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, avait appelé les bouffe-la-craie à des sit-in devant les DCE et les DPE à l’intérieur du pays, ce lundi 12 novembre. Une façon de protester contre ce qu’ils appellent les intimidations, les menaces, l’ingérence du goubernement dans les affaires syndicales, mais surtout le gel des salaires des gens-saignants grévistes. A Dixinn, commune qui abrite le siège du SLECG, le sit-in a tourné court, très court. Moins d’une dizaine de minutes et loin de la Direction communale de l’éducation.

Très tôt le matin, une équipe de flics a bouclé toutes les entrées de la DCE, avec trois pick-up de la gendarmerie et un canon à eau chaude. Empêchant tout bouffe-la-craie de rôder dans les parages. Pourtant, le directeur communal de l’éducation, Fodé Sylla aurait été avisé par courrier de la tenue de la manif devant ses locaux. A 9 heures et demi, les grévistes, éparpillés, se sont regroupés à une centaine de mètres et ont commencé à scander des slogans hostiles aux responsables en charge de l’éducation. Ils brandissent des pancartes :  » Tant vaut l’école tant vaut la nation » ;  » Le gel des salaires est illégal et injuste  » ;  » Traitez les enfants d’autrui comme les vôtres  » ;  » Halte à la division  » ;  » Respect aux enseignants « … Les flics ont voulu disperser le mouvement. Entre temps, le colonel Balla Samoura a débarqué et s’est adressé aux gens-saignants : « L’organisation d’une manifestation tient toujours compte de l’environnement et du contexte. Acceptez avec moi que vous êtes dans un environnement sensible. Vous pouvez passer vos messages partout où vous voulez, mais si le DCE ne l’a pas accepté aujourd’hui, vous pouvez le faire un autre jour. On est des amis, on peut se parler librement, je vous prie de rentrer ». Moustapha Soumah, responsable adjoint du SLECG à Dixinn, réplique : « Dans nos démarches, nous avons adressé une lettre d’information au directeur communal de l’éducation depuis le 9 novembre. Il avait accepté, mais à notre grande surprise nous trouvons ici des véhicules de police et de gendarmerie. Je suis allé personnellement le voir, mais il me dit que l’instruction est venue d’en haut ». Les négociations engagées par Bala Samoura ont porté fruit. Les bouffe-la-craie se sont retirés et se sont retranchés à leur siège. Mais pour Moustapha Soumah, le message est passé : « On aurait bien voulu qu’il nous entende en face, mais notre objectif est atteint. Ses hommes lui rendront compte, je pense qu’il percevra le message et qu’il rendra compte à son tour à qui de droit ».

A ceux qui disent que la grève est en train de s’essouffler, un autre bouffe-la-craie répond : « De toutes les grèves que nous organisons celle-ci fait partie des plus réussies. Mais le Guinéen pense que puisqu’il n’y a pas de violences, la grève n’a pas eu d’impacts. Les enseignants engagés dans cette bataille continuent leur mouvement. La présence des contractuels ne donne pas un caractère d’échec à la grève. Nous réclamons nos droits ».

A la DCE de Dixinn, silence radio. Aucun cadre (en bois) ne veut piper mot. « Je n’ai rien à vous dire messieurs », lance le directeur communal de l’éducation aux journaleux. Contrairement à Dixinn, les sit-in ont été dispersés violemment à certains endroits. C’est le cas des communes de Matoto et de Kaloum où les gens-saignants ont été gentiment aspergés de gaz lacrymogène. Des arrestations auraient même été enregistrées à l’intérieur du pays. Le responsable du SLECG dans la préfecture de Lola a été brièvement interpellé, celui de Kissidougou serait encore dans les mains des farces de l’ordre.

Le P’tibou et compagnie se font désirer

Dans la journée de ce lundi, une délégation du goubernement était attendue au siège du SLECG pour tenter de rafistoler le fil du dialogue. Mais elle s’est fait attendre toute la journée. Le P’tibou Camara et compagnie ne se sont pas pointés. Oumar Tounkara ironise : « Il était prévu qu’une délégation gouvernementale vienne ici à midi. Nous nous sommes là depuis 11 heures, c’est cette délégation que nous attendons. Je ne saurai dire pourquoi ils ne sont pas venus parce que je ne suis pas en contact avec eux. Peut être que c’est la route qui n’est pas libre, compte tenu de la situation à Kaloum. Mais nous les attendons ».

Yacine Diallo