Depuis le déclenchement de la crève générale et illimitée par le SLECG, le 3 octobre dernier, le salaire des bouffe-la-craie est gelé par le goubernement du Cas-sorry. Leur situation est indélicate à tel point que bien des gens-saignants ont jeté l’éponge pour reprendre le chemin de l’école. Et la menace du premier ministre de radier les grévistes aidant, ils se retrouvent dans un dilemme : continuer la crève, avec le risque de se retrouver prochainement hors des effectifs de la Ponction publique ou lâcher Aboubacar Soumah et son groupe pour retrouver leur salaire. De toute évidence, plusieurs grévistes ne tiennent que par le bout du fil : « Il y a la souffrance, vous savez combien de fois la vie de l’enseignant est précaire. Les difficultés continuent, nous vivons à la charge des nos différentes familles. Moi particulièrement je suis pris en charge par ma femme, elle fait tout depuis novembre. Elle m’a même donné mon transport ce matin. Nous n’avons rien. C’est ici qu’on nous a acheté le petit déjeuner. Ceux qui ont des moyens de déplacement se transforment en taxi-motards pour avoir de l’argent. Mais je suis formel, nous allons tenir » clame Aboubacar Manet, instituteur dans une école primaire de la capitale. Abdoulaye Diallo est lui également dans la même situation : « Ce n’est pas le salaire qui nourrit, il vient en complément. Il est bloqué et pour le moment nous sommes à la charge de nos différentes familles. Il y en a aujourd’hui qui ont ramené leurs femmes au village ou dans la belle-famille. Voilà comment nous surmontons cette période ».
Chargé des cours de biologie depuis 27 ans et cadre (en bois) de l’IRE, Inspection régionale de l’éducation de Mamou, ce bouffe-la-craie explique que ses collègues vivent un calvaire à l’intérieur du pays : « La dignité c’est jusqu’à un moment. Les gens sont au bout de leur souffle, c’est pourquoi ils vont dans les écoles privées pour trouver de quoi s’acheter au moins un sac de riz. Quand une mission de la DPE ou de l’IRE vient, les enseignants se présentent, mais ils ne donnent pas cours, ce n’est pas leur préoccupation. Ceux qui ont leur salaire gelé font pitié. Ils vivent une humiliation, c’est lorsque nous nous rencontrons, ceux dont les salaires ne sont pas gelés cotisent 5000 ou 10 000 francs pour ceux qui n’ont pas de salaire. » Comme à Cona-cris, les cours reprennent peu-à-peu dans certaines villes du pays. Le gel prolongé des salaires a eu raison de beaucoup de grévistes : « La grève est toujours observée, mais on a des candidats, on doit s’occuper d’eux au moins. Puisque mon salaire n’est plus gelé, je compte reprendre le 2 janvier. Moralement nous soutenons Aboubacar Soumah. Mais les conditions sont telles que moi je suis allé voir le DPE pour lui dire que je ne pouvais plus prendre en charge ma propre famille. Et le mois passé j’ai reçu mon salaire ».
Récemment, des rumeurs sur un changement de train de vie du secrétaire gênant du SLECG ont été distillées. Certains sont allés jusqu’à dire que Aboubacar Soumah ne serait plus sensible à la souffrance des gens-saignants. Pour Aboubacar Manet, ce n’est qu’une diffamation : « Le Guinéen aime coller des étiquettes aux gens. Tout le monde sait que Soumah est un patriote. L’Etat lui a proposé d’être ambassadeur, ministre, que sa femme et ses enfants soient engagés dans la fonction publique, il a tout refusé. Nous n’écoutons pas ces diffamations, la Guinée est un pays de rumeurs ». Un autre bouffe-la-craie d’ajouter : « Le RPG est en train de s’associer à certains cadres de l’Education pour ternir l’image du SLECG et de son président. Mais la vérité finira toujours par triompher ».
Yacine Diallo