Assis à même le sol sous une tente à l’esplanade du stade du 28 septembre de Conakry, vêtus de t-shirts blancs sur lesquels on pouvait lire « Nos enfants à l’école », Docteur Faya Millimono, président du Bloc libéral, et certains militants et responsables du parti ont entamé une grève de la faim ce mercredi 5 décembre. Le Bloc Libéral proteste ainsi contre la crise dans le secteur de l’éducation et l’installation des PA (postes d’appui) le long de l’autoroute Leprince dans la commune de Ratoma. Le président du parti a dit ne pas comprendre le silence « coupable » des autorités guinéennes face à cette situation qui ne fait qu’empirer. « Nous sommes là aujoud’hui parce que nous voulons voir nos enfants à l’école. Le président veut qu’ils aillent danser. Nous avons entendu le message. Nous, nous sommes beaucoup plus préoccupés par leurs études. Ça fait plus de deux mois qu’ils ne vont pas à l’école. C’est l’avenir de ce pays et de nos enfants qui est menacé. C’est pourquoi nous sommes venus ici, pour dire aux autorités que banaliser l’education dans un pays est un crime ». Le leader politique et ses collègues ne veulent pas voir cela advenir.

S’agissant de l’installation des PA sur la route Leprince, Docteur Faya Millimono estime que la Guinée n’est ni en état de siège, ni en état d’urgence, encore moins en état de guerre. Il soutient que c’est la liberté des guinéens qui est en train d’être confisquée. Il ne doute pas que le Prési Alpha Grimpeur a des velléités de briguer un troisième mandat. D’où cette exigence de démilitariser cette partie de la capitale. «Si en situation normale, nous voyons le gouvernement militariser nos quartiers, c’est qu’on peut se retrouver dans une situation où tout le pays est militarisé avant que le président Alpha Condé annonce qu’il veut un troisième mandat. En ce moment là, de peur de se faire tuer aucun guinéen ne pourra réagir. Il faut que nous nous levions, que nous élevions le ton maintenant, au lieu d’attendre que nous élevions nos mains ». Aucun membre de l’opposition républicaine n’était dans les lieux de retraite des grévistes. Le président du BL est-il en déphasage avec ses pairs de l’opposition ? Non, a rétorqué Faya Millimono, des députés l’ont appelé pour lui exprimer leur soutien.

Les grévistes déguerpis

Peu après le début de la grève, des agents de force de l’ordre ont sommé les grévistes de quitter l’esplanade du stade du 28 septembre. Aussitôt, ils ont débarqué à la devanture de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry avant de regagner finalement le siège de leur parti. Ils comptent observer leur mot d’ordre de grève de la faim jusqu’à samedi comme prévu, a annoncé Dr Faya.

Il faut rappeler que cette crève de la faim enclenchée par le BL n’est pas la première. Après la militarisation de la Sous-préfecture de Womey, préfecture de N’zérékoré en 2014, suite aux violences survenues dans cette zone, le président du Bloc Libéral avait observé une grève de la faim en guise de protestation. Finalement, les autorités avaient cédé en rappelant les militaires déployés sur les lieux. Cette fois encore, il ne désespère pas de voir le gouvernement reculer. « Nous espérons qu’un gouvernement respectueux de son peuple, à l’écoute de son peuple, écoute ce genre d’actions » a-t-il lancé avant de faire allusion à l’insurrection populaire du peuple Tunisien qui a provoqué le départ de Ben Ali.

Lébéré Baldé