Après plusieurs mois de tergiversation, le jugement de Cheick Mohamed Fofana alias Affan a démarré ce lundi 21 janvier au TPI de Madanco. Le ‘’prédicateur’’, poursuivi pour incitation à la violence ethnique et régionaliste et injures publiques attendait depuis des mois de savoir si le Balai Citoyen, porteur de la plainte était habilité ou non à ester en justice dans ce genre de dossiers. Ce lundi, le juge Amadou Kindy Baldé a débouté l’organisation de la société civile sans aucune explication. Mais il décide de la poursuite de la procédure et de la continuation des débats sur le fond. Le ministère public a en effet décidé de se saisir de l’affaire et de juger Cheick Affan.
A la barre, le ‘’prédicateur’’ a plaidé non coupable, arguant avoir répondu à certains responsables de l’UFDG : « Je n’ai jamais appelé à la haine. J’ai répondu aux invectives, aux injures d’Ousmane Gaoual, d’Abdoulaye Bah et de Chérif Bah à l’encontre de nos sages. J’ai dit à Ousmane Gaoual de ne pas dire à nos parents ce qu’il ne peut pas dire à ses parents. Je l’ai insulté parce qu’il m’a accusé d’être à l’origine des troubles à Kindia. Abdoulaye Bah lui je l’ai insulté parce qu’il a porté plainte contre notre imam à Kindia ». Est-ce qu’il n’y a pas de justice où porter plainte si vous estimez avoir été attaqué ? lui demande la procureure. « Oui je sais que ce n’est pas normal, mais l’émotion a emporté ». Pourquoi avez-vous attaqué ces gens sur les réseaux sociaux ? « Je n’ai insulté personne, j’ai répondu aux injures d’Ousmane Gaoual contre nos sages et je maintiens ces propos. Je reconnais l’avoir traité de b…. ». Pourquoi avez-vous insulté la communauté de ces gens-là ? « Je n’ai insulté personne monsieur le président ». Vous avez traitez El hadj Saikou Yaya Barry de fornicateur. « Il a tenu des propos plus graves que les miens ».
Voyant leur client acculé, les avocats de la défense ont demandé le renvoi, pour, disent-ils mieux étudier le dossier. Le juge Amadou Kindy Baldé a accédé à la demande, en renvoyant le procès au 28 janvier prochain.
Mais après l’audience, quelques disciples de Cheick Affan ont laissé éclater leur colère. D’abord contre le Balai Citoyen qu’ils accusent d’être à la base de toute cette affaire : « Vous serez responsables de tout ce qui va arriver. Vous portez plainte contre quelqu’un, alors que vous n’êtes même pas légalement installés. C’est de la lâcheté » s’exclame un proche du prédicateur. Un autre d’accuser le juge de dénaturer le propos du prévenu : « On veut simplement faire du mal à ce monsieur parce qu’il dit la vérité. Il a répondu à des accusations et monsieur le juge veut lui faire porter d’autres chapeaux. Ça ne marchera pas, si c’est comme ça il ne se présentera pas à la prochaine audience ». L’association de la jeunesse de la Basse-côte dont Cheick Affan serait membre a d’ailleurs promis de tenir une réunion dès ce soir pour définir l’attitude à tenir face à la justice.
Les membres de la Cellule Ballet Citoyen en ont également gros sur le cœur. Ils ne comprennent pas le fait qu’ils aient été écartés du dossier qu’ils ont eux-mêmes envoyé devant les tribunaux. Mamadou Bobo Bah, coordinateur national des antennes du BC enrage : « Nous sommes en colère, c’est incompréhensible que le Balai Citoyen qui s’est constitué partie civile soit déclaré irrecevable. Nous avons esté en justice dans d’autres cas, les plaintes ont été reçues. Ils est inconcevable que des juridictions de même degré rendent des décisions différentes sur les mêmes cas ».
Cette affaire date d’octobre 2018, au plus fort de la crise politique née du non respect de l’accord politique du 8 août dernier. Via les réseaux sociaux, plusieurs personnes (pour la plupart membres de la mouvance ou de l’opposition, ndlr) ont posté des vidéos ou des messages qualifiés par le BC d’incitation à la haine ethnique. C’est à ce moment là que Cheick Affan a publié plusieurs vidéos pour s’attaquer à des responsables de l’UFDG et à des leaders d’opinion d’une certaine communauté.
Yacine Diallo