Mory Sangaré, le sinistre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation a, dans une récente sortie, annoncé l’évaluation des enseignants suppléants. Histoire d’isoler les cancres des autres et éventuellement confirmer les méritants. Une décision qui, selon les concernés, s’apparente à une ingratitude de la part des autorités éducatives. Michel Pépé Gbalamou, le secrétaire gênant du SNE (Syndicat national de l’éducation) est un des mécontents. Il estime que durant la grève déclenchée par le SLECG, les enseignants contractuels ont sauvé l’éducation. Il ajoute que bien avant, ceux-ci ont été soumis à une inspection et dûment notés. Ce qui les a plus motivé à dispenser les cours. Remettre tout cela en question passe mal. « Nous, nous avons pensé que les inspections faites par des enseignants titulaires et l’inspection générale de l’éducation ont été bien menées. Nous, Syndicat National de l’Education, nous pensons qu’il faut d’abord publier les résultats de cette inspection. A l’issue de cela, on va penser à leur offrir une formation pédagogique en la matière pour qu’ils puissent être retenus. Vous n’êtes pas sans savoir qu’en Guinée, lorsqu’on organise un test, les méritants ne vont pas être [en poste]. C’est à d’autres qu’on fera appel en lieu et place de ceux qui ont travaillé. C’est l’inquiétude principale de ces jeunes contractuels. Sinon, ils disent ne pas peur de faire le test. Au contraire, ils ont peur d’être remplacés à travers le copinage ou l’affinité alors qu’ils ont tout perdu. Certains ont quitté les écoles privées pendant trois mois. Ils travaillaient du lundi au samedi et cela, depuis le mois d’octobre. Sous pression aussi. Même la prime d’encouragement, jusqu’à date, certains contractuels de l’intérieur ne l’ont pas encore perçue. Vous constaterez qu’il y a eu même des anciens contractuels qui n’étaient pas en activité qui ont perçu la prime au détriment de ceux qui étaient en activité. Parce que la condition de recevabilité de cette prime était d’avoir son nom sur la première liste publiée. Or sur celle-ci, certains contractuels se sont désistés parce qu’ils étaient découragés. Estimant qu’on allait les utiliser puis les abandonner. C’est quand l’argent est versé, ils sont venus retirer. Donc il y a de l’amateurisme dans la gestion du dossier ».
Ce syndicaliste soutient que l’histoire est en train de se répéter d’autant plus que les enseignants contractuels qui ont fait le test en 2015 ont vu d’autres personnes à leur place. Ce qui a conduit à la grève d’Aboubacar Soumah en 2017. D’où cette sonnette d’alarme. « Il faudrait que l’Etat fasse attention parce que c’est un dossier sensible et explosif ». Avant d’en arriver là, Michel Pépé Gbalamou déclare que sa centrale syndicale compte écrire au ministère de l’Education nationale pour exprimer sa désapprobation face cette décision.
Interrogé sur le sujet, Mohamed Ansa Diawara, porte-parole du ministère, a indiqué que l’évaluation dont il est question ne concerne pas essentiellement les enseignants suppléants. Les titulaires aussi sont concernés. Pour ce responsable, ce n’est pas tous ceux qui sont soumis à l’inspection qu’il faut prendre. « Il s’agit de voir tout le monde en situation de classe ». Ansa présise que cette évaluation était prévue début janvier. Malheureusement elle n’a pas eu lieu. Mais,« la prochaine paye se fera en fonction de l’évaluation». Il déclare que les enseignants qui disent ne pas être favorables à l’évaluation se trompent. « Ce n’est pas eux qui commandent l’évaluation. Qu’il soit titulaire ou contractuel, si quelqu’un a accepté d’enseigner jusqu’à maintenant, il faut qu’il soit évalué. Attention ! L’école, c’est une évaluation perpétuelle. Les enseignants évaluent les élèves et les inspecteurs évaluent les enseignants ».