Après plusieurs reports, l’INIDH, Institution nationale indépendante des droits de l’homme a ouvert sa première session ordinaire de l’année, ce 19 mars au palais du peuple. Le machin des droits humains en Guinée traverse une grave crise depuis l’annonce il y a quelques mois de la vraie fausse démission de son patron Alia Diaby. Depuis, ce dernier qui aurait fait parvenir sa lettre de démission à Alpha Grimpeur déserte l’institution. La plénière de ce mardi s’est d’ailleurs ouverte sans lui et son DAAF (directeur des affaires administratives et financières). Sur les 33 commissaires, seuls 17 se sont pointés. C’est Boubacar Yacine Diallo, vice-président, qui a donné le coup d’envoi. Dans sa missive, il a regretté ces dysfonctionnements : « Cette première session de l’année s’ouvre à un moment où l’institution connait de sérieuses difficultés d’ordre administratif et financier, liées notamment à la réduction drastique de la subvention annuelle accordée par l’Etat dont la première tranche n’est pas encore versée. Des difficultés dues également à l’absence prolongée, depuis le 3 janvier, du président et du DAAF sans raisons officielles ».
Pour que cette plénière se tienne, il a fallu faire des pieds et des mains. Les caisses seraient vides, les commissaires et autres employés de l’institution attendraient toujours le versement de la quatrième tranche de la subvention. Le vice-président de l’INIDH explique : « C’est dans ce contexte intenable que le bureau exécutif s’est employé à rechercher activement des réponses et des solutions appropriées aux problèmes urgents dont la tenue de la présente plénière et les questions pressantes des employés privés de leurs salaires ».
Au cours de cette session, les discussions porteront notamment sur le fonctionnement de l’INIDH depuis le début de l’année, le rapport annuel 2018, les échanges sur la préparation d’une campagne de sensibilisation avec le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme. Mais également sur un budget prévisionnel du monitoring des prochaines sélections légis-tardives. D’autres questions de l’actualité liées aux violations des droits humains pourraient faire l’objet de débats, notamment le déguerpissement à Kaporo-rails. Depuis le début de l’opération, l’INIDH s’est claquemuré dans un silence assourdissant voire coupable. Ses membres entendent désormais sortir la tête de l’eau : « Nous ferons connaitre notre position sur un certain nombre de situations liées au respect des droits de l’homme. A cet effet, nous avons entrepris de documenter sur les opérations de déguerpissement de Kaporo-rails et de Kipé 2. A cette fin, l’INIDH a créé une clinique juridique, chargée d’assister les victimes de violations des droits de l’homme. Des plaintes ont été reçues et des réponses adéquates ont été apportées » déclare le vice-prési de l’INIDH. Et Boubacar Yacine Diallo de rappeler la soif de justice des Guinéens : « Les Guinéens ont besoin d’une justice équitable et efficace. Ils ont besoin d’une administration qui sévit contre l’impunité. L’INIDH ne manque aucune occasion pour rappeler et encourager les pouvoirs publics à y faire face ».
Les commissaires pourraient également statuer sur le cas Alias Diaby. Si son remplacement n’est pas officiellement évoqué, bien de commissaires n’écartent plus cette hypothèse. Même s’il se murmure que le prési Alpha Grimpeur souhaiterait le faire revenir à la tête de l’institution.
Yacine Diallo