Alors que les personnes qui ont vu leurs habitations cassées à Kporo-rails (Ratoma) n’ont pas fini d’essuyer leurs larmes, les bulldozers s’activent dans la zone de Kipé2 dans la même commune pour réduire les maisons en poussière. Ce 13 mars, jeunes, femmes et vieux se fondaient en larme en voyant les machines marcher sur leurs habitations. Capitaine Elhadj Mamadou Bailo Sow, âgé de plus de 70 ans dit ne pas comprendre cette attitude du ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire qui qualifie la zone de Kipé2 comme réserve foncière de l’Etat. «Sékou Touré nous avait dit que tous ceux qui désir avoir de parcelles par-là, de venir planter des arbres. C’est ce qu’on a fait ici. Après ils nous ont légué le domaine. Plus tard, des agents ont été déployés pour lotir le secteur. Lorsqu’ils sont venus, ils nous ont dit ceci : Vous les autochtones, nous allons vous transférez ailleurs. A défaut, on cohabite ensemble. C’est ici on vous a trouvé et on ne peut pas vous chassez du lieu. Mais tous ceux qui ont été installés après vous, nous leurs retirons la donation. Aujourd’hui, mes maisons ont été cassées sans avertissement. Celle que j’habitai, contenait trois chambres, un salon et une toilette. Mes trois autres fils ont chacun une chambre et un salon. Ils ont tous fini les études mais personne d’entre eux n’a intégré la fonction publique. L’un a fait un accident et il est aujourd’hui handicapé. Après son accident, l’assurance l’a pris en charge à hauteur de quatre millions. Les six millions que j’avais comme épargne, j’ai complété son argent, puis j’ai entamé les travaux de construction. Chaque trimestre, je fais avance sur salaire Jusqu’à la fin des travaux. Personne ne m’a dit que la zone de Kipé2 est réservée par l’Etat. Au contraire, on nous a dit que c’est une zone d’habitation. Sinon, je ne peux pas travailler à la marine pendant plusieurs décennies et prendre mon argent l’investir dans une réserve foncière de l’Etat. Ils ont cassé sans nous prévenir. Mais comme nous n’avons aucune puissance pour les freiner dans cette élan, on prie Dieu qui nous a tous créé de juger entre nous ».
A quelque mètre de là, deux veuves y vivaient. Difficile pour elles de s’exprimer sur ce qui leurs aient arrivé. « Que Dieu les paie ! Que Dieu les paie ! » ont-elles scandé.
Amadou Diallo lui, fait la 4e année Franco-arabe. De retour à l’école, il a trouvé sa maison cassée. « Comme notre maison a été cassé, je dois désormais aller chez nos proches à Bambéto».
Pendant la casse, des jeunes surexcités ont tenté d’en découdre avec les gendarmes qui supervisaient les opérations. Quelques temps après les échanges de pierres contre gaz lacrymogène. Les vieux et les mamans sont intervenus pour calmer les jeunes. Et la casse a continué de belle sous leurs regards impuissants.
Le premier mars dernier, le tribunal de première instance de Dixinn a débouté les habitants de Kipé2, les condamnant au paiement de 500 millions de francs guinéens à l’Etat pour avoir porté plainte contre le ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire pour tentative de spoliation. Le verdict aussitôt rendu, les condamnés ont annoncé d’interjeter appel. Au moment où ils s’apprêtaient à engager la procédure, ils retrouvent leurs habitations à terre. Ne sachant quoi dire, ces victimes réunies en collectif entend décide désormais de porter plainte contre l’Etat guinéen à la Cour de justice de la CEDEAO pour crime contre l’humanité nous a confié Mamadou Samba Sow le porte-parole du collectif.
Lébéré Baldé