Le prési Alpha Grimpeur était l’hôte des petits intellos de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, ce vendredi 22 mars. Il partait chercher sa distinction ‘’Honoris Causa’’. Le prix a été octroyé par les gens-saignants chercheurs et autres formateurs en service dans cette université. La journée, placée sous ‘’le seuil de l’excellence académique’’, a mobilisé membres du goubernement, patrons d’institutions républicaines, corps diplo-démagogiques et consulaires, recteurs, responsables et militants du RPG et des centaines d’étudiants. Elle a été organisée par le Réseau guinéen pour l’expression des compétences nationales (REGEC) en collaboration avec les responsables de l’université. Les organisateurs visaient à travers cette cérémonie à récompenser le Grimpeur pour « tous les services rendus » à la nation. Pour son combat, dit-on, en faveur de l’émancipation des peuples, notamment des jeunes et des femmes. Son engagement en faveur de l’école, de la science et de la technologie, ses efforts pour la modernisation de l’enseignement supérieur’’.
Acceptant de baisser d’un ton son grade de professeur pour devenir Docteur Honoris ‘’Bambéto-Kaporo’’ Causa, le prési Alpha Grimpeur n’a pas boudé son plaisir : « J’ai reçu beaucoup de distinction d’Honoris Causa à travers le monde, mais celui-là m’a touché le plus parce que c’est l’université guinéenne ». Le rôle de l’étudiant dans les contestations, la méconnaissance de l’histoire du continent, la culture de l’ethnocentrisme et la ‘’médiocrité’’ des politiques, la réforme de l’armée…le chef de l’Etat s’en est donné à cœur joie.
Alpha Grimpeur n’a accordé que quelques phrases à la FEANF. Il n’a pas fait mention de son parcours académique. Il a fouillé dans ses archives pour ressortir la place que l’étudiant africain a anciennement occupée : « Quelqu’un a dit que la jeunesse a toujours raison, que le mouvement estudiantin est contestataire par nature. Voilà la particularité et la force d’un mouvement estudiantin. Tous les mouvements révolutionnaires ont commencé dans les campus. Ces mouvements s’opposaient à la domination, à l’exclusion. Mais cette contestation doit être positive et constructive. La faiblesse de la jeunesse d’aujourd’hui, c’est que vous ne connaissez pas l’histoire de l’Afrique, l’histoire de votre pays. Il faut connaitre l’histoire, si on vous dit qu’on n’a rien apporté à la civilisation, c’est faux ».
Le grimpeur a par la suite glissé vers son terrain favori : la politique et les piques. Devant un public minutieusement préparé et visiblement acquis à sa cause, le chef de l’Etat a accusé les politiciens et les intellectuels d’être à la base du retard de la Guinée : « Lorsqu’un homme politique a un programme crédible, il fait appel à votre intelligence. Lorsqu’il n’est pas capable de mobiliser il s’adresse à la religion, à l’ethnie. La jeunesse doit éviter de tomber dans ce piège. Vous devez vous inspirer de la FEANF. L’ambition personnelle doit être au service de l’ambition nationale. Malheureusement aujourd’hui l’argent a prostitué notre pays. Les gens se battent pour de l’argent, pour les postes, il y a peu de patriotisme. C’est nous les intellectuels qui constituons le frein du développement en Guinée. Nous cultivons les mensonges, la différence, mentons à la population. Si on va sur cette base, demain chaque préfecture demandera à avoir un ministre ».
Le champion du RPG à qui on prête à tort ou à raison des intentions de modification de la constitution, a profité de l’occasion pour vanter les ‘’prouesses’’ qu’il a accomplies depuis 2011 : « Le peuple a la mémoire courte. Tout le monde savait comment était l’armée guinéenne avant 2011. Les militaires montaient dans les cars avec les Kalachnikovs, ils changeaient de grade toues les années. Mais aujourd’hui nous sommes à Kidal depuis quatre ans. L’ONU a dit que c’est tournant, mais personne ne veut aller. Nous nous sommes fiers d’être aux côtés du peuple malien. La population a confiance en l’armée. Il faut que la Police et la Gendarmerie arrivent à faire la même chose ». Et Alpha Grimpeur de mettre en garde les fauteurs de trouble : « Il y’a quelques années, on pouvait faire trois mois sans avoir le courant. Aujourd’hui dès qu’il y a une petite coupure les gens sortent et cassent. Il faut savoir qui est qui, qui a fait quoi dans le pays et en Afrique. Moi je n’ai pas peur de la contestation, les gens peuvent de la pagaille je m’en fous. J’irais dans toutes les universités faire un débat avec les étudiants. Ceux qui pensent qu’ils peuvent m’effrayer avec des pancartes se trompent. Moi je n’ai pas peur de la contestation. Déjà on n’a pas beaucoup de bâtiments si vous les cassez comment on va faire. Je vous donne donc la garantie que cette université sera reconstruite ».
Pendant que Alpha Grimpeur s’arrose des distinctions pour, dit-on, ses bonnes œuvres, les bulldozers d’Ibou ‘’le casseur’’ Kourouma continuent à mettre à terre les maisons des citoyens à Kaporo-rails. Les populations de l’axe Bambéto-Cosa ont vu plus d’une centaine de leurs enfants rejoindre le cimetière de Bambéto sans aucune enquête.
Yacine Diallo