Le projet de loi sur la prévention et la répression du terrorisme continue de faire couler encre et salive en Guinée. Censée doter le pays d’instruments juridiques appropriés à la lutte contre ce fléau qui s’étend, le texte a suscité l’inquiétude d’ONG internationales de défense des droits humains et d’une partie de la société civile guinée-haine qui l’estiment liberticide. Le 24 avril, l’Amnesty International a fait part de sa préoccupation : « Si la loi est adoptée, certains de ses articles pourraient être appliqués contre des personnes ayant des opinions dissidentes alors que la Guinée se trouve déjà dans un contexte politique tendu avec des manifestations de masse ». « Nous appelons les autorités à modifier ou supprimer les articles qui portent atteinte aux droits humains, notamment les droits à la liberté d’expression, la liberté de rassemblement pacifique, la liberté d’association, la liberté de conscience et la liberté de circulation », a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. Ce 26 avril, le Balai Citoyen a écrit ses préoccupations à Claude le Kory du Parlement sur l’incompatibilité du projet aux valeurs démocratiques. « La Cellule Balai Citoyen ne s’oppose pas, par principe, à une loi ‘’anti-terroriste’’ car la sécurité des concitoyens est évidemment l’une de nos préoccupations majeures. Néanmoins, le contenu et les contours de celle-ci méritent d’être bien analysés compte tenu des conséquences qui peuvent en découler. La loi donnerait aux autorités guinéennes des pouvoirs extraordinaires. Sous prétexte d’assurer la sécurité, les autorités se donnent le droit de réduire une partie des libertés de la population. Les enjeux relatifs à l’adoption d’une telle loi sont énormes. La clarté et les limites de recours à cette loi établiront si l’objet de celle-ci est véritablement de protéger la population ou si la visée se trouve plus du côté d’une volonté de contrôle et surveillance des dissidents », a dénoncé Le Balai Citoyen dans un mémorandum parvenu à notre rédaction.
Yaya Doumbouya