L’Alphagouvernance passe à la vitesse supérieure dans la répression des opposants au troisième mandat. Après l’interdiction de manifester sur toute l’étendue du territoire, c’est la liberté de réunion qui est dans le viseur du goubernement Cas-sorry. Le 16 juin 2019, une réunion se tenait au siège de la Maison des associations et ONG de Guinée à Yimbaya, pour le lancement du mouvement Amoulanfé (ça ne passera pas). Mais la flicaille a interrompu la cérémonie à la dernière minute. Les locaux du MAOG ont été pulvérisés de gaz lacrymogène, quelques blessés et des interpellations dans les rangs des opposants. L’ordre serait venu d’un certain Mamadouba Tos Camara, maire contesté de Matoto. Le parti au pouvoir met donc à exécution sa menace de traquer les opposants au 3e mandat jusque dans leur dernier retranchement : « C’était le lancement de Amoulanfé, mouvement partenaire des Brassards rouges. Nous avons été surpris par la présence de trois pick-up de policiers qui ont fait irruption dans la maison. On a échappé à un carnage hier, à un massacre. Imaginez-vous une cour fermée où les citoyens se retrouvent pour réclamer leurs droits, on vient y jeter du gaz, blesser des innocents. Il y a même eu plus de cinq arrestations » explique Lansana Diawara, un des meneurs des Brassards rouges.
La mouvance pestilentielle est déterminée à tuer le FNDC et toutes les autres entités opposées au 3e mandat dans l’œuf. Les administrateurs territoriaux interdisent d’ailleurs le Front de toutes activités dans certaines villes du pays. Mais pour Lansana Diawara, les intimidations ne passeront pas : « Tout cela vient nous renforcer dans notre position. Nous comprenons que notre capacité de mobilisation et notre stratégie organisationnelle dérangent. Nous, on ne s’attaque jamais à ceux-là qui battent campagne pour le OUI. Tout ça c’est très dangereux pour notre pays. Le président qui se dit démocratiquement élu, qui se dit le Mandela de la Guinée, est en passe de devenir Bokassa. Que tous ces imposteurs comprennent que nous n’allons jamais baisser les bras. Nous comprenons d’ailleurs que nous menons un combat noble ».
Présent sur les lieux au moment de l’incident, Aliou Bah, président de l’organe provisoire de direction du MoDel s’en est vertement pris au clan présidentiel : « L’Etat guinéen se comporte en gangster. On ne respecte ni la loi, ni les engagementsn ni les recommandations. On ne respecte même plus la dignité humaine. C’est un petit clan obsédé par le pouvoir et les ressources du pays qui agit. Ce qui s’est passé hier, c’est comme si c’étaient des envahisseurs dans un territoire qui répriment sans état d’âme. C’est inacceptable ! Nous sommes dans une république, il faut qu’on respecte les lois. Mais Alpha et son régime ne le feront jamais. Il faut qu’on se batte parce que le changement de régime devient urgent et nécessaire. Ce qui est certain, c’est que même du côté du pouvoir il n’y a pas d’unanimité par rapport à ce qui est en train de se passer. Je suis convaincu que dans les prochains jours, il y aura des nouvelles qui vont confirmer ce que je suis en train de dire ».
Yacine Diallo