Samedi 1er juin, lendemain de la nuit du destin, habituellement journée chômée et payée,  le Goubernement Cas-Sorry a appelé le populo à cesser toute activité pour assainir encore et encore la ville de Cona-cris. Le PM et son équipe  « tentent depuis leur arrivée de débarrasser la capitale de ses nombreux tas d’immondices ». Le matin, la circulation a été interdite entre 6h et 11h. Une occasion hautement mise à profit par la flicaille de la CMIS pour se livrer à leurs pratiques habituelles : le rançonnement et l’arnaque des usagers de la route qui ont eu la malchance de se retrouver dans leur guet-apens.

Cette nouvelle journée d’assainissement est pratiquement passée inaperçue, du point de vue impact positif. Sur l’autoroute Leprince, à part le dégagement de quelques points noirs à Enco 5 et à la Cantine, les ordures ont continué à narguer les passants. Aucune trace d’éboueurs ministériels et de camions de transport d’ordures. Les immondices, sorties des caniveaux par les services du mystère des Travaux publics, jonchent fièrement le trottoir et le terre-plein. Les flics en ont profité pour ériger des barricades, arrêter des propriétaires d’engins roulants,  raquetter proprement, en fonction de la capacité de négociation, de résistance et trafic d’influence des « clients.»  Même constat sur la corniche nord. De Cobaya au Centre-émetteur de Kipé, en passant par Lambanyi et Nongo, aucune trace d’assainissement. Mais la CMIS était déployée en grand nombre.

A Nongo, la situation a fini par devenir tendue entre flics et usagers de la route à cause des multiples barrages érigés dans le quartier : « Vous ne devez pas cautionner cette souffrance de la population. C’est de la poudre aux yeux que vous jetez. A aucun moment, les gouvernants n’ont eu la volonté de rendre cette ville propre. Avez-vous oublié que ces ordures sont en train de tuer des Guinéens. Nous connaissons c’est qui vos chefs. » Un flic de réppliquer : « Nous exécutons un ordre. Vous n’aviez pas le droit de vous retrouver ici ».

– Est-ce pour cette raison que vous faites payer de l’argent aux citoyens dont le seul crime est d’avoir voulu se rendre à leurs lieux de travail ? Est-ce que cet argent va au trésor public ? demande un autre passant.

– Allez poser ces questions aux autorités,  réplique le flic !

Après 11h, cette journée d’assainissement a laissé la place à des bouchons terribles, notamment sur la route Leprince. Pourtant, le ministre de l’Environnement, Papa Colis Kourouma, qui prêchait dans l’Opposition il n’y a pas encore longtemps, sait parfaitement que «l’opération d’assainissement» telle qu’elle est pratiquée à présent, ne relève que de la comédie gouvernementale. Aujourd’hui, celle-ci coûte très chère non seulement à l’économie du pays, mais au Guinéen lambda qui ne sait plus où donner de la tête pour trouver la pitance quotidienne. Qui, pour nourrir ses enfants, qui pour rompre le jeûne. Dire que le ministre de l’Environnement est un fervent musulman !

Yacine Diallo