Le procès des présumés ravisseurs d’Alpha Souleymane Baldé a continué ce 10 juin au tribunal de première instance de Dixinn. A l’audience de ce lundi, la défense a poursuivi sa plaidoirie. Dans cette procédure, les avocats des accusés n’ont pas opté pour la même ligne de défense. La semaine dernière, les deux premiers, relevant des ‘’contradictions’’ sur les témoignages de la victime, avaient plaidé le renvoi des accusés à des fins de la poursuite pour faits non établis. Ce lundi, Mr Amadou Barry, conseil de Lamine Kanté a sollicité la clémence du tribunal au moment de la décision : « Ces citoyens vivaient dignement, même s’ils gagnaient difficilement le pain quotidien. C’est la tentation qui a gagné Sékou Oumar Keïta, sinon il se débrouillait dans une entreprise. Lamine Kanté lui n’a pas eu la chance d’avoir l’éducation familiale qu’il faut. Il a perdu très tôt ses parents, il n’est pas allé à l’école. Il a choisi le chemin qui s’offrait à lui, en effectuant des petits vols et des braquages. Quant à Sâa David Kamano, sa faute est d’avoir prêté le flanc parce que la gendarmerie est un corps d’élite ».
Me Barry s’est également ligué contre les réquisitions du pro-crieur. Daouda Diomandé avait sollicité une condamnation des accusés à 30 ans de prison et une période de sûreté de 10 ans : « Le parquet est allé trop vite en besogne. La séquestration n’a pas excédé 10 jours. Les condamner à une telle peine serait les réduire à néant. Nous vous prions de rester dans la fourchette de 10 à 20 ans d’emprisonnement ».
Pour les atrocités subies par leur client, les avocats de la partie civile ont demandé 3 milliards de francs glissants comme dommages et intérêts. Une façon de se remplir les poches, selon maître Amadou Barry : « Il y a une intention manifeste d’enrichissement sans cause sur le dos de nos clients. Rejetez cette demande parce qu’ils ne pourront jamais payer cet argent. En 6 jours, nous n’avons pas vu une souffrance sur la victime au point de demander une telle somme ».
De son côté, Mr Abou Cas-marrant, après avoir rejeté la responsabilité sur les deux accusés en fuite, s’est interrogé sur le rôle joué par certains proches de la victime : « L’honnêteté intellectuelle nous oblige à parler de Mohamed Siddy Diallo et de son frère Abdoul Majid. Pourquoi Kadiatou Bah (qui était avec la victime, ndlr) n’a pas été enlevée ? Qu’est-ce qu’elle a fait après ? Où était le gardien ? Le tribunal doit trouver des réponses à ces questions ». Pour leur dernier mot, les accusés se sont remis à la sagesse du tribunal. « Je demande pardon, je suis l’unique garçon de ma famille. Ma pauvre mère est malade à cause de moi. Pardonnez pour que je puisse m’occuper de ma mère » déclare Sâa David Kamano.
L’affaire a été mise en délibéré pour le 24 juin prochain
Yacine Diallo