Les auteurs présumés du kidnapping d’Alpha Souleymane Baldé ont de nouveau comparu ce 3 juin au tribunal de première instance de Dixinn. Mohamed Sidy Diallo, cerveau présumé de l’enlèvement et son jeune frère, Abdoul Majid Diallo, tous en fuite, Lamine Kanté, Sékou Oumar Keïta et adjudant Sâa David Kamano sont inculpés pour enlèvement, séquestration, prise d’otage, détention illégale d’armes de guerre, association de malfaiteurs et complicité. Des accusations qu’ils ont rejetées.

Après deux audiences où accusés et plaignants ont donné leurs versions des faits, cette journée du lundi 3 juin a été consacrée aux plaidoiries et aux réquisitions. Plus d’une heure, les avocats (sans vinaigrette) de la partie civile ont tenté de démontrer la « dangerosité » du gang. C’est Me Joseph Loua qui a donné le ton, en les accusant d’être impliqués dans d’autres enlèvements : « Ces personnes ne sont pas à leur première forfaiture. Ils sont aussi impliqués au kidnapping de Bobo Hong-Kong en 2015 (un autre opérateur comique, ndlr). L’heure n’est plus à la démonstration de leur culpabilité. Il n’est plus à démontrer que la partie civile a subi des tortures». S’il n’a pas explicitement sollicité une peine de prison contre les accusés, Me Loua n’est pas allé de main morte contre les intérêts civils de son client : « Nous demandons au tribunal de condamner les accusés au remboursement des 105 000 dollars et des 7 millions de francs guinéens. Nous sollicitons également le paiement de 3 milliards de francs guinéens à titre de dommages et intérêts ».

Le pro-crieur, Daouda Diomandé, lui, a requis 30 ans de réclusion criminelle, une période de sûreté de 10 ans et un mandat d’arrêt international contre Mohamed Sidy Diallo et son jeune frère, Abdoul Majid Diallo. Même peine requise pour les trois autres accusés dans les mains de la flicaille. Daouda Diomandé fonde ses réquisitions sur le fait que les accusés n’auraient « aucunement regretté leurs actes. S’ils prennent 30 ans, nous serons au moins en sécurité pendant cette période », argue-t-il.

De leur côté, les avocats de la défense ont crié à la « contradiction » dans les propos du plaignant. Ils demandent au tribunal de renvoyer les trois accusés à des fins de la poursuite pour faits non établis à leur encontre. La défense invite la partie civile à mieux se pourvoir. Le procès a été renvoyé au 10 juin, pour la fuite des plaidoiries et réquisitions.

10 août 2016, 19 h. Alpha Souleymane Baldé, sur son tapis de prière dans son chantier à Kaporo, reçoit la visite musclée d’un gang lourdement armé. L’opérateur comique est mis au respect, sa maison fouillée, avant qu’il ne soit embarqué dans son propre véhicule pour une destination inconnue. Il passera 7 jours dans les mains de ses ravisseurs avant de recouvrer sa liberté, moyennant 105 000 dollars ricains et 5 000 000 de francs glissants. Le 2 septembre 2016, les enquêteurs ont mis le grappin sur les présumés auteurs qui défilent actuellement devant dame Thémis.

Yacine Diallo