Le 15 juin, Sidya Touré, président de l’UFR (Union des forces Républicaines) a présidé l’assemblée générale de son parti à son siège à Matam. Les militants et sympathisants, tout en rouge pour certains, en foulards rouge pour d’autres, étaient massivement mobilisés pour accueillir leur leader. Avec des pancartes et des banderoles où on pouvait lire « 3eme mandat Amoulanfé ! », « Vive l’UFR, non au 3eme mandat ! ». Les membres du bureau politique et responsables du parti étaient largement mobilisés. Seule ombre au tableau, l’absence remarquée de Deen Touré, président du groupe parlementaire de l’UFR à l’Assemblée Nationale. Selon les indiscrétions, il ne partage pas la position de ses collègues au sujet de Baidy Aribot, ex député uninominal de Kaloum, qui a rejoint la mangeoire.
Les militants mobilisés ont d’abord commencé à crier haro aux traitres. Badra Koné, secrétaire général de la jeunesse de l’UFR, a commencé son intervention par « A bas les traitres ! » et rappelé aux militants que seul la bosse, Sidya Touré, pouvait autoriser les responsables à parler au nom du parti. Une allusion à la sortie de Saïkou Yaya Barry, sécrétaire exécutif, qui avait fustigé l’attitude de Baïdy Aribot ? Les responsables du parti ont, pour leur part, lancé des piques aux personnes suspectées de vouloir rejoindre la mouvance pestilentielle. A chaque fois que le sujet était abordé, Sidya Touré semblait gêné et faisait signe d’arrêter.
Après la prise de parole des responsables, le président de l’UFR a pris le micro pour féliciter les militants pour leur combat contre le 3eme mandat ces trois derniers mois. « Troisième mandat fé, a lanma ka a mou lanma ? » (NDLR: « Le troisième mandat aura lieu ou pas ? »), « Amoulanfé !» (NDLR: « Ça n’aura pas lieu ! ») répond en chœur la foule. « Les guinéens que nous sommes, un peuple fier malheureusement qu’on a appauvri pendant ces 9 dernières années, avec des résultats économiques des plus médiocres que l’Afrique ait connu à part les pays en guerre. Et même certains pays en guerre sont mieux que nous. Notre peuple a compris d’où vient le malheur de ce pays. Ces malheurs viennent du régime de Alpha Condé. A quoi peut-on mesurer la politique dans un pays, si ce n’est par le niveau de vie des populations ? Un homme politique anglais disait : « la politique qui ne peut pas nous apporter du travail, l’éducation, la santé ni le logement, cette politique n’a pas de raison d’être ». Le seul problème entre Alpha et moi, c’est 9 ans après, où est-ce qu’on est ? ». Le président de l’UFR a rappelé que le pouvoir a dépensé 3 milliards de dollars dans l’énergie mais aucune ville de la Guinée n’a de l’électricité. Sans parler du manque d’eau et de routes dans le pays. Pour barrer la route au troisième mandat, il demande à ses militants d’être vigilants sur tous les plans parce que selon lui, « il y a deux manières de changer la Constitution. La première c’est le référendum, la deuxième c’est l’Assemblée nationale. A l’Assemblée, il y a 114 députés. S’il s’octroie 73, c’est-à-dire les deux tiers, il peut changer la Constitution. Donc ce qu’ils ne vont pas gagner au référendum, c’est ce qu’ils veulent faire à l’Assemblée en volant les élections, ce sera la même chose que le referendum. Tout ce qu’on est en train de préparer contre le referendum, il faut le préparer contre les élections pour empêcher le troisième mandat parce que c’est la même chose et le même combat. »
Ibn Adama