Kéléfa Sall, ancien président de la Cour Constitutionnelle a été inhumé ce mardi 30 juillet 2019 après la prière de 14h. Il a été accompagné par des centaines de personnes au cimetière de Kameroun. Jusqu’au bout, ses funérailles se sont déroulées dans la sobriété la plus totale, comme lui et sa famille ont voulu. Tôt le matin, la morgue de l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéen a été prise d’assaut par des membres de la famille, des amis magistrats, des avocats sans vinaigrette, des politicards (Fodé Bangoura du PUP, Abdoul Kabélé-bélé Camara du RGD, des dépités de l’opposition, des élus locaux…), des représentants de la société civile. Ils étaient tous allés assister à la levée du corps. Des pleurs, des larmes et des témoignages émouvants. Pour Ben Youssouf Keïta dépités de l’UFDG, Kéléfa Sall s’en est allé dans la dignité « Aujourd’hui, c’est un sentiment de tristesse, d’émotion, d’injustice mais aussi un sentiment de révolte. Nous avons foi et espoir que l’histoire finira par triompher. La vérité triomphera, et un jour, Kèlèfa Sall sera un héros national. Il est déjà mort, mais il est parti en héros, en homme digne. Il a donné un exemple que tous les Guinéens devraient suivre. Il est déjà le Mandela que la Guinée cherche ».

Comme depuis l’annonce du décès, le goubernement a boudé les funérailles, aucune trace d’une délégation gouvernementale à la levée du corps, encore moins à la mosquée Kébéya où la prière funèbre était organisée. Alpha Grimpeur préférant plutôt offrir un poste à Sidy Mouctar Diko, beau-frère du défunt et jusque-là porte-voix de la famille. Mais pour Aliou Bah du MoDel, Alpha Grimpeur et son clan restent dans leur logique jusque au bout : « Nous sommes tous tristes aujourd’hui de perdre cette grande personnalité. C’est un patriote qui a tenu un discours qui est resté dans les mémoires. C’est pourquoi vous ne voyez aucun membre du gouvernement ici. Ils ne peuvent pas venir parce que consciencieusement ils ne peuvent pas regarder en face sa famille. Kéléfa a été humilié, il n’a pas eu ce qu’il méritait de la part des autorités actuelles. A commencer par le chef de l’Etat, les ministres et des membres de sa corporation qui l’ont dévoyé. Des gens ont monté des dossiers de toutes pièces pour le décrédibiliser, pour le salir afin de le destituer. Histoire de faire prospérer leur projet démoniaque de changement constitutionnel. Il était un obstacle pour les imposteurs. Aujourd’hui, il est décédé, mais son état d’esprit demeure. Ce combat va continuer. Nous sommes tous des Kéléfa Sall ».

Bien d’observateurs estiment que la mort de Kèlèfa Sall est liée à sa destitution à la tête de la Cour Constitutionnelle. Mohamed Ali Thiam, prési de l’association des magistrats de Guinée affirme le contraire : « Je suis consterné de constater des articles de presse malveillants qui continuent à décrire l’homme, comme quelqu’un qui serait mort des suites d’une aigreur à la suite de la perte de son poste. Lorsque des événements de la cour constitutionnelle sont arrivés, et lorsque l’association est allée le voir pour savoir ce qu’on pouvait faire pour lui, il a dit “Ne faites rien. Je subirais mon destin tel que Dieu me l’a prescrit“. C’était un homme de conviction forte. Kèlèfa n’était pas le genre d’homme qu’on pouvait convaincre facilement. Ceux qui ne le connaissent pas, disent n’importe quoi, pour salir sa mémoire aujourd’hui. Sa vie n’était pas faite pour des postes, c’était un homme qui n’était pas attaché aux postes ».

Arrivé à la Cour Constitutionnelle en 2015, Kéléfa sera emporté en septembre 2018 par une fronde portée par son vice-président La-mine Bangoura, avec la bénédiction de l’exécutif. Décédé le samedi 27 juillet 2019, Kéléfa Sall laisse derrière lui deux veuves et 4 filles.

Yacine Diallo