Le slogan ‘’tolérance zéro’’, brandit à la faveur de chaque session d’examens nationaux depuis 2008, dissuade peu ou prou les tricheurs (surveillants, correcteurs, élèves…). La session de cette année n’a pas bousculé les traditions de fraude, consacrées par de nombreuses sessions antérieures. La fuite sur les réseaux sociaux de l’épreuve de français, profil sciences sociales, au baccalauréat unique, en dit long sur le chemin qui reste à parcourir. Heureusement, la justice a réagi cette fois.
Le tribunal de première instance (TPI) de Faranah (Haute-Guinée) a condamné, le 22 juillet, six correcteurs de BEPC à six mois d’emprisonnement assorti de sursis et au paiement de 200 000 francs glissants d’amende chacun. Deux des leurs,
Alpha Faux-fana et Amara Touré ont été relaxés pour délit non établis. Aly Boffa Sylla et Sayon Touré, absents, « ont été jugés par défaut » et condamnés à un an de prison ferme, un mandat d’arrêt émis contre eux. Dans ce lot de condamnés, on trouve Fanta Damba Cas-marrant, candidate au baccalauréat unique, profil sciences mathématiques, poursuivie pour « fraude ». Après avoir reconnu les faits qui lui ont été reprochés, elle a été condamnées à la même peine et à la même amende que les correcteurs susnommés. A la barre, Fanta Damba Cas-marrant a expliqué son manège, son soutien par un certain Faux-dé « qui lui a apporté assistance pour échanger sa copie dans la salle d’examen puisque son téléphone qu’elle avait sur elle avait été saisi », probablement par la surveillance. A Faranah, enseignants, chefs d’établissements scolaires, responsables de l’éducation se sont « fortement » mobilisés pour la circonstance. Le substitut du procureur, Youssouf Faux-fana, n’a pas mâché ses maux : « ‘’N’enseigne pas qui le veut mais qui le peut’’. Quand on dit qui le peut, les gens pensent qu’il s’agit de la compétence académique seulement ou avoir un bon niveau dans les sciences ou en littérature. Alors qu’au-delà de la compétence académique intellectuelle, ils doivent aussi avoir la probité morale. L’enseignant c’est un éducateur, c’est un modèle, c’est un guide social. L’Etat ne peut pas débourser des montants colossaux pour doter la Guinée de cadres compétitifs et que ceux à qui on a confié cette éducation-là se prêtent à des pratiques peu catholiques. »

La fraude remonte au 10 juillet lorsqu’une mission du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, chargée du bon déroulement des examens nationaux à Faranah a appréhendé cinq correcteurs du BEPC de la commission d’histoire et cinq autres de celle de la rédaction qui enfreignaient, selon la mission, les textes régissant la double correction. « Les premiers correcteurs mettaient des notes distinctives sur les copies des candidats pour guider les deuxièmes correcteurs dans la notation pour éviter de communiquer entre eux. Ce qui faisait que les notes du premier correcteur et du second se rapprochaient de trop. Mais cela a été vite découvert par l’envoyé du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation pendant sa mission de supervision », a rapporté un correspondant local.

Yaya Doumbouya