Notre démocratie se meurt. Après 9 ans de gouvernance d’Alpha Condé, cette démocratie acquise dans le sang et la sueur est en train de fondre comme beurre au soleil. Nous sommes à l’aube d’une dictature d’un autre âge. Ce qui est en train de voir le jour à moins d’un an de la fin du dernier mandat d’Alpha Condé n’a pour seul but que de baliser le chemin à un putsch constitutionnel pour un troisième mandat.
Dans cette phase exécutoire de son projet, on assiste, entre autres, à la restriction des libertés d’expression, et d’opinion, au musèlement de la presse, l’interdiction des manifestions, l’installation des PA dans les communes, au suréquipement des forces de répression, arrestations des opposants, justice expéditive contre des opposants à la «nouvelle constitution », intimidations …
Le combat qui a commencé sous la présidence de Général Lansana Conté jusqu’à l’organisation des élections en 2010 pour remettre le pouvoir aux civils inaugurait une démocratie forte. Celle-ci est en train de partir aujourd’hui à vau-l’eau !
Le combat pour l’instauration de l’alternance démocratique, la tournée contre le référendum, la libéralisation des ondes, la création des institutions républicaines, CENI, (Commission nationale électorale indépendante), Cour suprême et assemblée nationale, Cour Constitutionnelle… jusqu’aux événements de juin 2006 et janvier 2007 ont coûté la vie à plus de 150 Guinéens et ont entriné plusieurs autres disparus, constituent de lourds sacrifices pour notre démocratie. Lors de la manifestation du 28 septembre 2009 au stade du même nom pour exiger que les militaires remettent le pouvoir aux civils, les manifestants ont été réprimés dans le sang. Avec un bilan horrible : près de 200 morts, des femmes violées, violentées, des disparus. Tous ces sacrifices ont été consentis pour qu’en Guinée s’instaure la démocratie. Des combats dans lesquels l’actuel parti au pouvoir avait à sa tête, le Professeur Alpha Condé.
Aujourd’hui, face aux faits et gestes de celui-ci et ceux de son entourage, notre démocratie est en train de mourir de sa belle mort. Le condamné à mort par contumace du régime de Sékou Touré, l’ancien prisonnier politique de Conté a fini de fouleer aux pieds les valeurs pour lesquelles il a prétendu se battre pendant 40 ans.
Alpha Condé doit comprendre qu’il n’y a pas de démocratie sans alternance, de démocratie sans liberté d’expression, liberté d’opinion et liberté de manifestation, les opinions divergentes sont essentielles à la survie de toute démocratie. L’article 7 de la constitution guinéenne nous la confère !
A 82 ans, largement l’âge d’une retraite dorée et bien méritée, après dix années à la tête du pays, il va falloir laisser la place à d’autres. Ne tuez pas notre démocratie, s’il vous plaît!

Ahmed Tidiane Sylla
ahmedtidianes@gmail.com