Illustre locataire d’une suite dans le plus prestigieux hôtel cinq étoiles de Conakry, la Maison Centrale de Coronthie, Dr Faya Mini-Mono, le leader du Bloc libéral (BL), a reçu la visite de ses avocats ce 5 août 2019, après trois jours de détention et plusieurs « refus » essuyés par ses militants et sympatisans. Ces derniers se sont massés devant la prison pour prendre des nouvelles de leur leader, via ses avocats qui se sont entretenus un long moment avec l’opposant. Dr Faya Mini-Mono est inculpé de « diffamation » à l’encontre du ministre de la Justice par intérim, Mohamed Lamine Fofana, la semaine dernière. A la sortie de l’entretien, Me Faya Gabriel Kamano, avocat sans vinaigrette de l’opposant, a fait savoir que son client se porte bien : « Il a le moral, et reste combatif. Nous accordons le bénéfice de la bonne foi au juge qui est en charge du dossier et au procureur de la république. Nous sommes convaincus qu’ils vont seulement se soumettre à l’autorité de la loi. » Me Salifou Béavogui a ajouté que Dr Faya Mini-Mono sera entendu par le juge d’instruction le 6 août.
Une main noire ?
Ibrahima Kalil Sylla, le secrétaire chargé à l’organisation et aux affaires sociales du BL, estime que son leader aurait dû être traité conformément aux dispositions de la Loi 002 sur la liberté de la presse, car renchérit-il, Faya Mini-Mono « n’a fait l’erreur » que par voie de presse. « Nous avons reconnu, et nous avons regretté le fait que le ministre soit lié à notre déclaration. C’est une volonté de justice qui nous a animés ! Que sa personne soit mêlée, c’est une erreur pour laquelle nous avons présenté nos excuses. Qu’il porte plainte devant les juridictions, nous trouvons cela normal, parce que nous sommes un parti qui tient à la justice dans ce pays. Mais depuis le vendredi, on ne sait pas ce qui se passe. Quelque chose nous dit que c’est une main noire qui est derrière. Nous faisons confiance à cette justice et nous les interpellons à faire les choses dans les normes. Depuis le vendredi, les gens cherchent à avoir l’accès pour voir comment se porte notre président, mais sans succès », a dénoncé M. Sylla. Même son de cloche chez Sény Tonamou, la présidente du conseil national des femmes du BL : « Cela fait trois jours que nous ne voyons pas notre président. Nous voulons qu’il sorte de là, car il n’est pas à sa place. Du moment où il a reconnu et présenté publiquement ses excuses, je pense que ça doit être pardonné. Nous souhaitons que le ministre retire sa plainte. »
Une démarche excessive
Aliou Bah, le président du Mouvement démocratique libéral (Model) a apporté son soutien et celui de son parti au leader du BL et à ses militants avec lesquels il a séjourné devant la Maison centrale de Coronthie en attendant la sortie du pool d’avocats. « C’est le parti (BL) qui m’a vu naître et grandir. Entre Dr Faya Mini-Mono et moi, ce sont des relations très profondes, fraternelles. Au-delà de cela, l’injustice dont il est victime étant donné qu’il se bat vaillamment pour la démocratie dans notre pays. Nous avons déploré le caractère excessif de la démarche qui a été engagée. Mais étant donné qu’il y a des avocats qui sont commis à la tâche, nous leur faisons confiance. Les nouvelles sont rassurantes, d’autant plus que l’homme lui-même, ça ne me surprend pas, puisque je connais son caractère. Il tient bon, je sais qu’il va tenir parce que c’est pour une cause juste il se bat. Il aime son pays. Nous restons optimistes, vu les démarches entreprises. Tous ces éléments seront traités au sein du FNDC et des décisions officielles seront prises », a expliqué Aliou Bah.
Yaya Doumbouya