Alors que 75 % des candidats au bac session 2019 sèchent encore leurs larmes, Aboubacar Soumah monte au créneau. Pour le “rebelle” du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), c’est la politisation à outrance du secteur qui a causé cette débâcle. « Aujourd’hui, l’éducation est politisée. A commencer  par le choix des responsables au niveau de toutes les structures administratives. Ce sont des militants qui sont nommés à des postes de responsabilités de tout le système éducatif. Si on constate que ceux qui sont là n’appartiennent pas au RPG, ils sont remplacés automatiquement par d’autres. Ce sont des militants qu’on a envoyé au secrétariat du bac qui ne sont pas enseignants. Les listes sont venus de la Présidence, du MENA, du parti en lieu et place des enseignants compétents. Quand vous allez à la correction, vous constaterez que sur les papiers, les noms des candidats sont mal reportés, le découpage est mal fait, etc. Tout cela impacte négativement sur les résultats ». Autre grief, c’est le nombre d’étudiants à envoyer dans les universités. Pour lui, tout a été calculé. «  Ils ont un programme établi durant trois ans. Cela a été annoncé par la commission en charge de la réforme du système éducatif guinéen. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le bac est transformé en concours. Au lieu que de tous les candidats qui ont la moyenne, c’est le nombre qui peut être absorbé par les universités publiques qui est déclaré admis ». D’ailleurs ajoute t-il, les évaluations ne sont pas faites conformément aux règlements généraux. « Tout cela concours à l’affaiblissement du niveau des élèves ».

S’agissant du recensement des enseignants, Aboubacar Soumah rejette systématiquement les résultats qui leur ont été annoncés par la commission de recensement des enseignants. « Nous avons constaté que certains paramètres n’ont pas été pris en compte par le président de la commission du recensement, qui nous a présenté un résultat qui ne reflète pas la réalité. Avec les rapports qui ont été déposés par nos agents concernant les décédés, les abandons, les malades, nous avons constaté qu’il y a une diminution considérable de ces chiffres. Cela en complicité avec les autorités de l’éducation. Donc, nous ne sommes pas d’accord ». Outre ces paramètres relevés par le syndicaliste, il pointe du doigt l’implication des DPE et IRE dans l’octroi des matricules lors du recensement.

Interrogé sur les accusations portées à son encontre, Docteur Alpha Amadou Bano Barry botte en touche. « Je laisse au SLECG le soin de faire des déclarations. Je gère le travail. Pour le moment, on a sorti des résultats provisoires, on les a envoyé dans les structures, à la fois au SLECG et à toutes les structures à la base pour demander de vérifier, de certifier, de contester.  Parce que nous sommes dans un processus d’assainissement. Et qui dit assainissement dit contrôle, recontrôle et tout ce qui s’en suit. Parce qu’il s’agit de près de 51 000 personnes. Donc, la déclaration du SLECG ne me concerne pas directement » a lancé le conseiller en éducation d’Alpha Condé.

Lébéré Baldé