Le Front national pour la défense de la Constitution (FDNC) n’a pas mis de temps à réagir à l’adresse à la nation faite hier à la télébidon nationale par le chef de l’Etat. Après de longs mois de propagande mais aussi de tergiversations, le populo, surtout les partisans du tripatouillage constitutionnel, attendaient avec impatience une prise de parole du Grimpeur concernant ce projet de 3e mandat. C’est fait ! Mais le locataire de Sékhoutouréyah a louvoyé jusqu’au bout. Si Alpha Grimpeur a réaffirmé dans son message son droit de consulter le peuple, il se réserve encore de dire oui à la modification de la Constitution, comme l’ont déjà fait le PM et son goubernement. Il a plutôt instruit à ce dernier d’engager des « consultations » avec tous les acteurs sociaux et politiques du bled avant de prendre sa décision. Une main tendue rejetée d’emblée par les opposants au changement constitutionnel.
Ce 5 septembre dans l’enceinte de l’Université Kofi Annan sise dans le buisson de Nongo-Contéya, la société civile et l’aile politique du FNDC ont réitéré leur détermination à barrer la route aux promoteurs du 3e mandat et refuse de s’associer à tout dialogue tendant à aboutir à cette initiative : « A ces conspirateurs et ennemis du peuple au cynisme sans égal, le FNDC répond qu’il n’y aura aucune consultation, encore moins de discussions autour d’un changement de Constitution. Il n’y aura pas de referendum, de 3e mandat, de débat sur le parjure. Quel que soit le prix que vous comptez faire payer à notre peuple, sachez qu’il est prêt ! »
Dans son allocution, le prési Alpha Grimpeur a exprimé le souhait de voir les sélections légis-tardives se tenir avant la fin de cette année. Les leaders du Front appellent les Guinéens à rester mobilisés pour empêcher « toutes velléités de tripatouillage des élections législatives à l’effet de donner la majorité des 2/3 au parti au pouvoir, permettant ainsi d’aboutir au projet de 3e mandat. Le FNDC rappelle à tous qu’il ne cautionnera jamais et d’aucune manière la remise en cause de son principe fondamental ‘’ Pas de débat sur du faux ‘’ ».
Le FNDC qui note d’ailleurs un décalage flagrant entre le laïus du Grimpeur et la réalité demande à ce dernier de « réaliser que notre pays est dans une situation très graves ! L’économie est en lambeaux, les infrastructures en décadence, les conditions de vie des citoyens en détresse. Tout cela sur fond de corruption généralisée, de bradage de patrimoine publics… ».
Pour certains politicards, cette sortie médiatique est minutieusement calculée. Le Grimpeur s’apprête à mettre le cap sur les Etats-Inouïs d’Amérique pour assister notamment à l’Assemblée générale des Nations-Unies : « Il s’est beaucoup plus adressé aux autorités américaines qu’il s’apprête à rencontrer qu’aux Guinéens. La réalité guinéenne est complétement différente de ce qu’il est en train de décrire. Nous n’avons pas d’infrastructures, les ordures ne nous quittent pas, l’école est bâclée, il n’y a pas de santé pour les Guinéens, ce sont des questions qu’il devait aborder. Il nous parle d’un dialogue avec un premier ministre dont on connait déjà la position. En ce qui nous concerne nous continuerons le combat pour la défense de la Constitution » déclare le Faya du Bloc Libéral.
De son côté, Aliou Bah, estime impossible pour les opposants de s’associer à un débat visant à abroger l’actuelle Constitution : « Si le président engage son premier ministre et son gouvernement, ça ne nous regarde pas. Le peuple de Guinée a une constitution sur laquelle le président a prêté serment. Aucun débat, aucune consultation ne se tiendra dans cette république sur l’abrogation de l’actuelle Constitution parce que cela relève de la forfaiture…La Guinée ne se permettra pas une nouvelle dictature ». Si Alpha Grimpeur et son clan tiennent tant à leurs consultations, ils vont devoir se trouver désormais d’autres interlocuteurs
Yacine Diallo