Aucun doute n’est permis. La bonne décision a été prise d’opposer une fin de non-recevoir aux consultations sur la Constitution. Ils se trompent lourdement, tous ceux qui crient victoire, parce que selon eux, Alpha Condé a concédé de ne pas parler de référendum dans son discours, mais probablement de se frayer une porte de sortie en appelant à consultations des forces politiques et sociales du pays. Certains qui feignaient d’être contre un 3ème mandat, lui ont pourtant indiqué la meilleure voie à suivre pour parvenir à ses fins.
Alpha Condé n’a pas reculé d’un iota dans son projet de nouvelle Constitution. Il a fait preuve ces neuf dernières années, d’une détermination inébranlable pour imposer ses intérêts politiques. Il utilisera tous les moyens à sa disposition pour assouvir son ambition de présidence à vie. Prenons garde au déroulement, sous nos yeux, de son redoutable plan qu’il mènera à terme pour arracher son 3ème mandat.
En outre, il est fort probable qu’Alpha Condé ait saisi un bout de phrase de l’interview sur RFI du Secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires africaines, Tibor Nagy, qui, répondant à une question sur l’éventualité d’un 3ème mandat en Guinée, a fait remarquer que « D’autres pays ont changé leur constitution pour en modifier certains aspects, dont le nombre ou la durée des mandats, mais tout en respectant les principes démocratiques, à savoir, un débat sur la pertinence d’une loi fondamentale et son adoption soumise à référendum par la population ». C’est donc désormais clair, qu’il veut engager le pays sur cette voie. N’est-ce pas faire preuve de naïveté politique que de participer à ses consultations qui légitimeront son coup de force constitutionnel ? Non, il ne faut pas attendre sagement le fait accompli. Il est quasi suicidaire de lui laisser le temps de corrompre, même ceux qui sont les plus virulents contre son projet. Il faut agir vite. Notre diaspora a donné le ton des manifestations publiques pour expliquer au monde que les Guinéens rejettent énergiquement toutes les manœuvres illégales pour violer leur Constitution. Un puissant mouvement de protestation doit être déclenché pour l’obliger à renoncer définitivement à toute réforme constitutionnelle et à prendre officiellement l’engagement de quitter le pouvoir au terme de son second et dernier mandat en 2020.
Les jeunes combattants guinéens doivent prendre leurs responsabilités. Ils doivent répondre à « l’affrontement » cher à Alpha Condé au niveau de tous les quartiers de la capitale Conakry et des principales villes de l’intérieur. Barrage contre barrage, barricades contre barricade, quartier par quartier, et que sais-je encore ? Quelle que soit la nature des affrontements que le Président du RPG avait développés devant ses militants au siège du parti à Gbessia.
Les hors-la-loi qui invoquent le nécessaire débat démocratique pour freiner l’élan populaire doivent être mis hors d’état de nuire. Ce système moribond ne peut effrayer personne. Les Guinéens sont bien fondés de refuser tout débat sur la Constitution pour des raisons qui tiennent compte de l’histoire politique récente du pays Nous savons tous que le Général Lansana Conté avait procédé à un amendement de la Constitution du 23 décembre 1990 pour faire sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels. En le faisant, il ne violait nullement pas la Constitution qui lui accordait cette prérogative. Les forces vives du pays, mobilisées contre la junte du CNDD, ont bien noté cet aspect. C’est pourquoi, pour mettre fin à toute possibilité de présidence à vie, le CNT a inscrit dans l’article 154, la limitation du nombre et de la durée des mandats parmi les intangibilités de la Constitution.
Voulez-vous qu’on laisse Alpha Condé détruire tous nos acquis démocratiques, en particulier, ce consensus de toutes les forces vives du pays de bannir la présidence à vie? En dépit de la résilience, devenue atavique, de nos populations, pensez-vous qu’elles puissent tenir cinq années supplémentaires sous la gouvernance désastreuse de ce pouvoir irresponsable et incompétent? Les Guinéens savent qu’ils ont encore perdu une décennie, ils ne sont pas prêts à renouveler la catastrophe. La résistance est légitime et conforme à l’article 21 de notre Constitution. Le moment est propice, il faut défendre sans délai l’ordre constitutionnel contre prédation ouverte ou masquée. « Ceux qui vivent, sont ceux qui luttent ».
Alpha Saliou Wann