Avant même qu’Alpha ne grimpe encore sur des hauteurs inégalées pour ouvrir son célèbre « Cahier de retour au pays natal, » les Guinéens peuvent s’arroger le droit de proclamer leur président de la république un homme du passé. Un homme dépassé. Le voyage de notre Prési-Grimpeur aux Etats Unis d’Amérique a entrainé de graves conséquences, dont celle de le révéler, de l’exposer comme un débutant sur la scène politique internationale, malgré sa célèbre formule selon laquelle Guinea is back.
Il faut dire qu’au début de son règne sur Sékhoutouréya, Alpha a connu quasiment les mêmes déboires. Tony Blair avait organisé pour lui une petite défaite à Londres, semblable à celle qu’il vient de subir à Washington. L’ancien Premier Ministre britannique avait fait inviter Alpha Condé à une conférence sur les mines. Quand le protocole a consulté la liste des invités, il n’y a trouvé point d’Alpha Condé. « Au suivant, lance –t-il, pour montrer qu’il ne souhaitait pas négocier. Le président guinéen reprend le tunnel sous la Manche par lequel il s’était rendu dans le pays de M. Blair. Sans demander son reste. Aucun officiel britannique n’a pointé du nez à la gare de Londres pour lui dire quoique ce soit, ni à l’arrivée, ni au départ. Aucune trace de M. Blair soi-même.
Rebelote ou presque, en 2019 à Washington. Cette fois-ci, l’accueil a été importé de Cona-cris. FNDC oblige ! Mais la sagesse s’est arrêtée-là. Le gros du voyage présidentiel a été pris en charge par les manipulateurs de l’Alpha gouvernance. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. On confond devantures et parvis. On prend le Département d’Etat américain pour le siège du RPG à Gbessia. On achète des militants de la 25è heure à tour de bras pour en assurer le remplissage. Personne, pas même les habitués des couloirs diplomatiques, ne s’y retrouve. « La première chose qui m’a ébahi, dit un dispo de chez l’Oncle Sam, fut ce rassemblement des partisans du Président Condé devant les bureaux du Département d’Etat. Les manifestants que j’observais, pour la plupart portaient des T-shirts à l’effigie du président, ou tenaient des pancartes avec des slogans favorables au régime…Ils étaient venus, selon eux, soutenir le régime.» Que nenni. La porte ne s’ouvre pas.
Alpha fait des mains et des pieds pour rencontrer l’Amérique officielle. Rien n’y fait. Le président guinéen range armes et bagages pour retomber dans un passé que son pays connaît le mieux : se compare à lui-même. Au nom de la souveraineté nationale. « La politique guinéenne se discute en Guinée… La Guinée n’a pas voté NON en 1958 pour être indépendante et retourner sous la domination de quelqu’un. Je m’en fous de ce que les gens pensent à l’extérieur. Ils n’ont qu’à écrire ce qu’ils veulent. .Je suis venu pour attirer les hommes d’affaires en Guinée » Et pititi et patata
Malheureusement, le disque est usé à force de tourner en boucle en guise de réponses aux questions de développement depuis la Première République. La Guinée a déjà appris à danser au rythme de la fausse fierté que lui procure l’indépendance recouvrée. On avait épuisé notre stock de piment pendant que nos voisins néo-colonisés dilapidaient leur sucre. Même Fory Coco était à même d’éviter de tels fiascos dans le pays de l’Oncle Sam. Pour Sékou Touré, on n’en parle pas. Pourtant, ces deux messieurs-là n’étaient sortis d’aucune Sorbonne. Grand Dieu !
Diallo Souleymane