Mardi 26 novembre, le Front national pour la défense de la Constitution appelait pour la cinquième fois les Guinéens à battre le pavé à Cona-cris et l’intérieur du bled. Le FNDC et ses partisans entendaient ainsi réaffirmer leur opposition à toute modification de la Constitution, mais surtout exiger la libération des leaders du mouvement et tous les autres prisonniers politiques, incarcérés et condamnés à des peines de prison dans le cadre de cette lutte. Cette marche devait se dérouler sur l’itinéraire Rond-point de la Tannerie – Terrasse du 28 stade critique, via l’aéro-hangar de Gbessia, l’échangeur de Kondéboungyi, le carrefour Concasseur, le rond-point de Hamdallaye et celui de la Bellevue. Tôt le matin les marcheurs, pour la plus part de rouge vêtus (les couleurs du FNDC, ndlr), ont commencé à former des petits groupes le long de la route Leprince. Même scénario sur l’autoroute où des heurts avaient pourtant éclaté entre manifestants surchauffés et la flicaille du Bafoué lors de la dernière sortie du Front la semaine dernière.
Toutes les activités étaient moroses et la circulation très fluide. Au même moment les meneurs de la manifestation se retrouvaient pour certains chez le chef de pile de l’opposition. Aliou Bah, Diabaty Doré, Raphiou Sow, entre autres. A 11h40 minutes, la Petite Cellule Dalein Diallo et des centaines de manifestants ont pris la direction de la Tannerie, en passant par Bambéto et Cosa. 13h, la marche débute au rond-poing de la Tannerie, une marée rouge s’ébranle vers l’aéro-hangar de G’Bessia. En tête, la Petite Cellule Dalein Diallo, Aliou Bah. A leur côté, le Kabélé-bélé du RGD, le Faya du BL, l’Amadoué Bah Oury… qu’ils ont trouvé au poing de ralliement. Le Sid de l’UFR prendra le train en marche juste avant l’aéro-hangar. Des slogans tels “Amoulanfé” ; “Alpha zéro” ; “Alpha assassin” ; “pas de 3e mandat” ; “2020, un autre”…. Sur les pancartes, on pouvait lire “Justice pour nos martyrs” ; “Libérez nos héros” (en référence à Abdourahmane Sano et compagnie). Un manifestant de crier : « Nous sortons pour montrer à Alpha Condé et à tous les imposteurs que ce pays doit bouger. Qu’on est plus à l’époque du PDG. Nous voulons montrer à l’opinion nationale et internationale que c’est un clan qui veut s’accaparer les ressources du pays et nous priver de nos libertés. Mais Amoulanfé ». Et Mohamed Sylla de renchérir : « Aujourd’hui toute la partie saine de la République est derrière le FNDC. Ceux qui veulent plonger le pays dans l’incertitude nous trouveront sur leur chemin. Quoi qu’il arrive, nous gagnerons cette bataille ».

De la soif de justice

Dans le cortège, des centaines de manifestants dénoncent l’absence de justice pour leurs amis tombés par balles lors des manifs politiques. Ils s’insurgent notamment contre ce qu’ils appellent un “deux poids, deux mesures” qui caractérise le système judiciaire du bled : « Aujourd’hui, près de 130 de nos camarades sont couchés au cimetière de Bambéto, certains ne sont même pas encore enterrés. C’est le chef de l’Etat et son Premier ministre qui se permettent de se moquer de nous, en estimant que leurs miliciens ne sont pas impliqués dans ces meurtres. Mais ça ne nous étonne pas. Quand tu n’es pas d’accord avec leurs démarches, ils te brisent, ils t’écrasent. La preuve en est que des centaines de citoyens sont en prison pour avoir défendu la Constitution » déclare un manifestant.
Les manifestants ont, durant 6h, chanté, dansé, dénoncé et traversé les différents quartiers de Cona-cris sans anicroches.

Yacine Diallo