Arrêtés depuis les 13 et 14 octobre, jugés et condamnés en première instance à des peines de prison ferme allant de 6 mois à 1 ans, Abdourahmane Sano, Sékou Koundouno, Ibrahima Diallo, Alpha Soumah “Bill de Sam”, Baïlo Barry “Destin en main”, Elie Kamano, Ibrahima Keïta, Aliou Badra Cheickna Koné, Abdoulaye Bangoura et Aboubacar Sylla ont été libérés ce 28 novembre, à l’occasion de l’audience correctionnelle de la Cour d’appel de Cona-cris. Après plus d’un mois de détention, les leaders du Front national pour la défense de la Constitution dormiront désormais avec leurs différentes familles, du moins jusqu’au 5 décembre, jour de la prochaine audience de ce procès en appel.

Les choses sont allées très vite ce jeudi à la Cour d’appel de Cona-cris. En fin de matinée, les dix détenus sont débarqués dans l’enceinte de la Cour d’Appel. Souriants, apparemment en forme, Abdourahmane Sano et compagnie saluent l’assistance par des ‘’Amoulanfé’’ (ça ne marchera pas). Une heure plus tard, le juge Mangadouba Sow et son équipe arrivent dans la salle d’audience. Dès l’entame, les avocats de la défense demandent une liberté même provisoire pour leurs clients. « Nos clients n’ont aucun intérêt de fuir ou à se cacher. Vous avez toutes les garanties qu’ils seront à votre disposition » assure Me Mohamed Traoré. Une demande à laquelle le mystère public ne s’est pas opposé : « Nous ne trouvons pas d’inconvénients à les mettre en liberté. Nous ne sommes pas là seulement pour condamner, nous sommes là pour éduquer. Qu’il vous plaise alors de leur accorder cette liberté » répond Alhassane Baldé. Mangadouba Sow et ses assistants se retirent pour délibérer. 30 minutes plus tard, la décision tombe. Après de longs conseils, ils les libèrent tous avant l’audience du 5 décembre. Dans la salle, c’est les cris de Amoulanfé, les accolades et des déclarations dans tous les sens.

Avant cette bonne nouvelle, les débats ont d’abord porté sur les poings qui ont motivé les avocats (sans vinaigrette) de la défense et leurs accusés à porter ces affaires devant la Cour d’appel. Pour ce qui est du dossier Abdourahmane Sano, Sékou Koundouno, Ibrahima Diallo, Alpha Soumah ‘’Bill de Sam’’, Baïlo Barry ‘’Destin en main’’, ils étaient inculpés pour manœuvre et acte de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles graves à l’ordre public. Mais au moment du délibéré, le juge a requalifié les faits en provocation directe à un attroupement non armé. Selon Pepé Antoine Lamah, un changement qui n’a pas été du goût de la défense. Ils pestent également contre une ‘’mauvaise appréciation des faits’’. Selon Pépé Antoine Lamah, les faits ont été mal qualifiés dès le début. Les autres griefs sont, selon les avocats, la mauvaise appréciation de l’article 632 du Code Pénal et l’inconstitutionnalité de ce même article qui violeraient la Constitution. « On a juste voulu faire plaisir à quelqu’un et se débarrasser de certains citoyens. Ce jugement est un colmatage » accuse Pépé Antoine Lamah. Dans cette affaire, le parquet a lui aussi interjeté appel. Sidy Yala N’diaye n’était lui aussi pas content de la requalification des faits et estimait que les peines sont trop faibles.
En ce qui concerne Elie Kamano, et Ibrahima Keïta, condamnés pour participation délictueuse à un attroupement et provocation directe, les avocats contestent la qualification des faits, accusent le tribunal de Mafanco de défaut de motivation, mais surtout une violation de l’article préliminaire du Code de procédure pénal.

Pour Badra Koné et ses deux co-accusés, Abdoulaye Bangoura et Aboubacar Sylla, c’est quasiment les mêmes récriminations : mauvaise appréciation des faits, défaut de motivation et sviolation des articles 8, 9 et 13 de la Constitution.

Le mystère public n’a pas souhaité réagir à toutes ces incriminations. Le pro-crieur dit attendre le bon moment pour répondre.

Yacine Diallo