Le 18 novembre à Conakry, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a annoncé une nouvelle marche pacifique le mardi 26 novembre à Conakry. Ils entendent protester « jusqu’au bout » contre le projet de « tripatouillage » de la constitution, porté par le Président Alpha Condé et son gouvernement. L’enterrement des quatre victimes fauchées par les balles des farces de l’ordre, lors de la dernière marche (le 14 novembre), ainsi que celles tuées pendant la marche funéraire, le 4 novembre, est prévu le jeudi 21 de ce mois à Conakry. La coordination du FNDC invite les Guinéens à se mobiliser « dans un esprit de cohésion et de solidarité pour mettre en échec au projet funeste du troisième mandat en Guinée » et de préciser que d’ores et déjà vingt-cinq préfectures s’apprêtent à manifester au cours de cette semaine. Elle a déclaré que cette série de manifestations ne prendra fin qu’avec la satisfaction de leurs revendications, qui sont entre autres, l’abandon du projet de tripatouillage de la Constitution, la libération immédiate et sans conditions des membres du FNDC et toutes les personnes arbitrairement arrêtées, la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur les violations récurrentes des droits humains dans le pays.

Sidya Touré, le leader de l’Union des forces républicaines (Ufr) a estimé qu’il n’est pas question de lâcher pied : « Les manifestations ne s’arrêteront pas. Nous les continuerons parce que nous devons absolument barrer le chemin à l’idée de ce troisième mandat qui est une présidence à vie et qui hypothéquera définitivement votre avenir, les jeunes. Ce n’est pas un problème politique, c’est un problème sociétal. Neuf ans de gestion, la médiocrité de la gouvernance que nous avons connue, nous impose cela à vie. Cela correspond à enfoncer définitivement le pays dans les affres du sous-développement, de la misère, de la division, peut-être, pourquoi pas dans l’affrontement entre les groupes qu’on cherche à diviser. Il est important qu’on continue de prendre nos responsabilités. Ce que nous avons connu la fois dernière lors de la manifestation, ne nous intimidera pas. Nous allons continuer à manifester parce que nous représentons aujourd’hui la frange des Guinéens qui portent l’espoir pour ce pays de s’en sortir, sinon nous allons couler. »

Chérif Mohamed Abdallah, le président du Groupe organisé des hommes d’affaires (Goha), a invité les opérateurs économiques à se tenir prêts pour prendre part aux différentes manifestations pacifiques contre le projet de changement de constitution. « Nous sommes opposés à un troisième mandat dans notre pays. Tout le monde le sait, dès qu’il y a des perturbations politiques, les opérateurs économiques sont attaqués, leurs biens aussi. Donc, nous sommes là pour défendre cela. Nous disons non à tout ce qui crée des problèmes dans notre pays. Nous disons non à ceux qui essayent de changer notre constitution pour nous créer des problèmes », ajoute-t-il.

Le FNDC déplore les graves violations des droits humains « perpétrées par les forces de défense et de sécurité » depuis le début des manifestations le 14 octobre dernier, notamment les tueries, les arrestations arbitraires des citoyens et leaders du mouvement. La coordination du mouvement réitère que les séries de manifestations se tiendront chaque semaine et mobiliseront l’ensemble de ses antennes de Conakry, de l’intérieur et de l’extérieur du pays.

Yaya Doumbouya