Le nouveau président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, dans une interview à la télévision privée sénégalaise TFM a parlé de ses relations tendues avec le Prési Alpha Grimpeur qui a servi de médiateur il n’y a pas si longtemps, entre le Président d’alors José Mario Vaz et l’opposition. « Je ne peux pas avoir de haine envers lui, parce qu’il ne m’aimait pas. Il aura tout fait pour que je ne sois pas président. Dès lors que les Bissau-Guinéens m’ont élu, les attaques entre lui et moi, c’est fini. Nous ne sommes pas Senghor ni Sékou Touré ». Le nouveau président a ouvertement critiqué le Président Alpha Grimpeur pour les multiples violations des droits de l’Homme, la restriction des libertés fondamentales, et il l’a invité à prendre sa retraite. « En Guinée Conakry, les manifestants sont tués même dans les cimetières, la Cedeao ne dit pas un mot là-dessus. Comment se fait-il qu’un président qui aurait passé 50 ans dans l’opposition se mette à tuer, massacrer des manifestants ? Le président Alpha Condé, je le connais très bien. Moi-même je l’ai aidé pendant sa campagne, mais il m’a déçu. Pourquoi tuer les gens, même au cimetière ? A son âge, il veut un 3è mandat. Un plus qu’octogénaire ! Ce n’est pas normal. Moi je pense que l’Afrique a besoin de nouvelles énergies, l’heure a sonné pour la jeunesse. Lui, c’est notre grand-père. Il doit prendre sa retraite ».

Umaro Sissoco Embalo dit vouloir tourner la page : « Nous sommes obligés de vivre en paix avec nos voisins immédiats de la sous-région. Le président Alpha Condé, maintenant nous sommes des homologues, nous sommes obligés d’oublier et de marcher ensemble ».

Réactions

Ce propos a vivement agité l’opinion guinéenne. Sur les réseaux sociaux, nombre de Guinéens estiment que Emballo est novice et doit faire preuve de retenue. Naby Youssouf Kiridi Bangoura, secrétaire gênant, porte-parole de la Présidence, a réagi. « Le médiateur désigné par la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le professeur Alpha Condé que je représente dans cet exercice, a donné comme thème de référence dès le début de respecter les parties en conflit en Guinée-Bissau et de ni nourrir la polémique, ni oublier les engagements historiques entre nos deux peuples. Donc nous ne répondons pas à la polémique, mais nous sommes très heureux : la médiation de la Cédéao conduite par le professeur Alpha Condé peut aboutir d’abord à l’organisation des élections législatives et maintenant à l’organisation de l’élection présidentielle ». Pour Kiridi Bangoura, la Guinée-Bissau reste un pays frère de la Guinée. Notre pays n’y a ni agenda économique ni ambition politique. Après l’élection présidentielle, il reste deux étapes importantes pour nos voisins. « La réforme de l’armée et la réforme de la Constitution. De l’avis de tous les observateurs, la Constitution est conflictogène. Elle produit instantanément des conflits entre le Président de la République et le Premier ministre, cela bloque le fonctionnement des législatives ». Reste à savoir si Cona-cris et Bissau goûtent la même sauce réformiste.

Makanéra Caquet a déclaré dans une vidéo que le nouveau président Bissau-Guinéen « insulte le président guinéen en complicité avec des gens à l’interne ». Il appelle le peuple de Guinée à répondre à Embalo non pas en se levant les « uns contre les autres », mais à lui répondre par l’union.

Oumar Tély Diallo