2020 est certainement une année marquante, au moins pour nos magistrats. Dans un décret pris le 5 décembre 2019, le Président Grimpeur a uniformisé le régime de rémunération et de pension de l’ensemble des Magistrats. L’augmentation est drastique, elle propulse parmi les corps les plus payés de la ponction publique ces fonctionnaires.
D’un million de francs glissants et poussières en 2013, le moins payé des hommes en robe recevra un minimum de 9 millions, dont 4 en primes. Le salaire des magistrats exerçant dans les tribunaux, justice de paix et la majeure partie des basses-cours variera entre 10 et 25 millions. Pour les Basses-Cours d’Appel, des Comptes, Constitutionnelle et Suprême, le moins payé touchera au bas mot 33 millions. Le président de la cour suprême recevra une bagatelle de 56 millions. A noter que les avantages en nature, les primes spéciales, les primes de risque ne sont pas comptabilisés dans ce calcul.
Sur le régime des retraites, 8% de la rémunération, de 720 000 à 4 900 000, seront retenus pour alimenter la pension. D’où une retraite de l’ordre du milliard pour les plus confortables !
Interrogé par nos confrères d’Africaguinee.com, Ali Thiam, le président des magistrats a souligné que ce décret venait corriger une injustice. « Nous sommes reconnaissants au Président de la République d’avoir pris ce décret. Parce qu’il vient réparer une injustice. Depuis 2015, les magistrats de la Cour Constitutionnelle, les magistrats de la Cour des Comptes touchent un salaire de loin au-dessus de l’ensemble des magistrats de la Guinée. Figurez-vous que le greffier de chacune des deux Cours est mieux payé que le premier président de la Cour Suprême dont le salaire ne faisait pas la moitié du salaire des greffiers des deux Cours. Est-ce que cela est normal ? Mais aucun journaliste n’a parlé de cette injustice. »
Poursuivant, le robin a rappelé que comparaison n’est pas raison. « Pour comparer, il faut bien lire le décret et surtout savoir pourquoi il a été pris. Le décret a été pris pour corriger une injustice. Ce n’est pas normal qu’un greffier d’une juridiction, quelle qu’elle soit, soit mieux payé que les magistrats de la Cour Suprême. »
Si cette décision d’uniformiser les rémunérations des magistrats est sans doute opportune au sein de ce corps, elle suscite tout de même plusieurs interrogations. N’entraine-t-elle pas une injustice au niveau de la fonction publique ? Elle tombe comme un cheveu sur la soupe au moment où les gens-saignants grèvent pour rehausser à 8 millions leur salaire de base. Elle pose ensuite le problème de la mobilisation des ressources vu que certains fonctionnaires, comme les Présidents des Tribunaux et Justice de paix, voient leur rémunération augmenter de 250 %. Qui parlait de liberté dans la pauvreté ? Enfin elle s’applique au début d’une année électorale, qui s’annonce mouvementée sur le plan juridique. Une façon subtile de s’attirer les bonnes grâces de nos magistrats ? Wait and see.
Mohamed Diallo