Un site avait déjà émis l’hypothèse. Le scandale du fait-chier électoral gonflé à bloc résulterait de la ruse. Au sommet de la CENI, on aurait choisi de fournir un fichier qui frise le ridicule pour montrer au monde, le président Alpha Condé en tête, que M. Kébé et ses collègues vont aux législatives du 16 février contraints et forcés. C’est leur façon à eux de montrer qu’ils sont dans la triste obligation de jouer le jeu du chef de l’état, le président de la république. La révision électorale bâclée ? Ils y seraient obligés. Un rajout de quelques jours pour permettre à certains électeurs de se faire recenser ? Pas question. Le chronogramme ne le permet pas. C’est à prendre ou à laisser. Aucune minute supplémentaire n’avait été accordée. Cette « fermeté »-là aussi « aurait été dictée » à la CENI.
Mais depuis, quasiment plus rien. Pourtant, il aurait fallu afficher les fiches électorales à travers le pays pour permettre de corriger les erreurs éventuelles. Travail bâclé. Résultats nuls. Plus grave, la CENI s’est tue. À trois semaines de la date du scrutin, M. Kébé ne dit rien. Peut-être ne fait rien. Bien malin qui dira le contraire, puisque le chronogramme a visiblement du plomb dans l’aile. En silence. Pourquoi alors avoir accepté que le Président de la République signe le décret pour convoquer les électeurs à une date intenable ? Comment ne pas penser à un « sabotage » de M. Kébé, même si le terme est galvaudé en Guinée ? Comment prendre les choses autrement si, à trois semaines de la date fatidique du 16 février, le problème d’affichage des listes électorales définitives est encore à l’ordre du jour ? Que dire de l’impression et de la distribution des cartes d’électeurs dans un pays où le réseau routier constitue un calvaire ? Même si l’impression devait se faire en Côte d’Ivoire, au nez et à la barbe des imprimeurs nationaux, M. Kébé aurait dû fournir le matériel à imprimer dans un délai un peu plus raisonnable. Parce que le délai de transport s’en trouverait encore renforcé. Si comme le croient un bon nombre de Guinéens, les ordinateurs de M. Kébé ne sont pas en « bonne santé, faute de techniciens qualifiés », pourquoi ne le dit-il pas clairement au Président de la République qui convoque les électeurs ? On accuse M. Kébé de mettre son « émissaire attitré » à la recherche d’informaticiens « qualifiés » par monts et par vaux dans des pays comme le Mali, le Burkina, la Côte d’Ivoire pour chercher à domestiquer la chose informatique. Pourquoi ne cherche-t-il pas ces oiseaux rares dans la communauté guinéenne tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ?
Aujourd’hui, par ses maladresses, Me Salifou Kébé a poussé les leaders religieux à mettre les pieds dans le plat pour « faire éviter la honte » au Président de la République. Mais, le pari est loin d’être gagné parce que plus d’un Guinéen murmurre tout bas que ce clergé-là aurait été manipulé par le pouvoir politique pour initier sa démarche. En tout état de cause, il est grand temps que le Président de la CENI éclaircisse sa position vis-à-vis du chef de l’État, vis-à-vis des candidats qui s’égosillent à longueur d’ondes et de colonnes dans les médias d’État et dans les réseaux sociaux en vue des sélections du 16 février. Seul Salifou Kébé peut nous dire si oui ou non le Président Alpha Condé doit accepter les doléances de Mgr Vincent Koulibaly et d’El Hadj Mamadou Saliou Camara. Si la CENI n’est pas ce qu’elle est, elle aurait fait face à une énorme responsabilité. Hélas !