Les enseignants sont entrés dans leur troisième semaine de crève générale et illimitée sur toute l’étendue du territoire. Ils continuent toujours à revendiquer 8 millions de francs guinéens de salaire de base. Depuis, les cours sont perturbés dans la plupart des écoles publiques du pays. Ce lundi 20 janvier, des échauffourées ont éclaté dans plusieurs écoles de la capitale Conakry, notamment dans la commune de Ratoma. A la T6, plusieurs écoles, y compris des établissements privés, ont été attaquées par des élèves en colère.

Le mouvement serait parti du lycée Dr Ibrahima Fofana, situé non loin des rails sur la transversale n°6. Les élèves, mécontents de l’absence de leurs professeurs, ont réussi à rallier à leur cause ceux du collège qui, selon le principal, étaient en situation de classe. Ils se sont alors rués vers les autres écoles privées de la zone. Les groupes scolaires Sainte Magalie, California, Yattaya Hinday, entre autres, ont été attaqués. Les parents d’élèves, dans la panique, se sont précipités pour récupérer leurs enfants dans les autres écoles. Au groupe scolaire Hinday, les dégâts sont importants : le portail principal défoncé, les vitres brisées, la cour jonchée de pierres, les pare-brises des véhicules cassés. Cinq personnes blessées dont 3 cas graves.

« Ce matin, des collègues nous ont appelés pour nous alerter que des élèves du lycée et du collège qui se trouvent derrière les rails avaient commencé à se jeter des cailloux. Nous étions en évaluation, j’ai passé l’information dans toutes les salles pour ne pas que les élèves sortent. Quinze minutes plus tard, nous avons vu des centaines d’élèves se précipiter pour nous jeter des cailloux » déclare Thierno Abdoulaye Barry, proviseur de cette école. Il dénonce le comportement des agents de l’Escadron mobile de Wanindara qui se trouvent à quelques pas des lieux : « Nous avons déploré ce qui s’est passé, mais il y a eu une lenteur chez les services de sécurité. J’ai appelé la Gendarmerie, ils ne sont venus que 30 minutes plus tard. Les enfants avaient déjà fini de nous lapider ».

Au collège Dr Ibrahima Kourouma, le portail a été arraché. Fodé Oumar Camara, principal du collège Dr Ibrahima Kourouma, principal de cette école confirme que le problème est parti de l’école voisine, lycée Ibrahima Fofana : « Nous avons été agressés par les élèves du lycée. Pourtant, les élèves étaient massivement venus, les professeurs étaient là en grand nombre. Ils ont fait une réunion hier, d’après mes informations. Ils auraient décidé de venir nous déloger parce qu’eux ne font pas cours. C’est quelque chose qui était préparée. Dès que j’ai appris l’information, j’ai appelé le DCE (directeur communal de l’éducation). Une mission de sensibilisation était là ce matin. Mais ils ont refusé. On a tout fait ils ont refusé d’entrer dans les salles de classe. Peu après, les cailloux ont commencé à pleuvoir ».

Les responsables de l’école incriminée n’ont pas voulu s’exprimer : « Nous ne sommes pas autorisés à parler » nous dit le censeur. Au moment où nous quittions les lieux, toutes ces écoles étaient déjà fermées.

Yacine Diallo