Les jeunes continuent à tomber sur l’Axe Hamdallaye-Kagbélin lors des manifestations politiques. Ces derniers temps, c’est le quartier Wanindara qui cristallise les attentions. Alors que les affrontements entre forces de l’ordre et jeunes ‘’résistants’’ ne s’étaient soldés que par des blessés légers le mercredi 12 février, le sang a par contre coulé dans la soirée du jeudi. Idrissa Barry, 15 ans, jeune élève de la 6e année, a reçu la balle en pleine figure, alors qu’il tentait de s’enfuir.

Dans la famille de la victime, c’est l’émoi : « Je suis revenu à la maison peu après 18h, j’ai vu de nombreux jeunes entrés précipitamment chez moi. Ils pleuraient et disaient ‘’ils ont tiré sur Idrissa’’. Quelques minutes plus tard, un d’entre eux m’as dit qu’il est décédé. Nous sommes allés au carrefour-marché. Nous avons trouvé qu’il est effectivement décédé. Il a été atteint sur le nez, la balle a transpercé sa tête. Nous avons fait entrer le corps dans une clinique et la nuit il a été transporté à Ignace Deen. Mais il est resté à la maison jusqu’à 17h, il est allé jouer au ballon avec ses amis. C’est au terrain ils ont décidé d’aller voir ce qui se passe au Carrefour-marché » déclare Ibrahima Barry, frère et tuteur d’Idrissa Barry.

Ibrahima Barry révèle que les éléments de la Brigade anti criminalité n°13 ne sont pas étrangers à la mort de son Petit-frère, ils auraient même empêché les jeunes de lui venir en aide : « Je n’étais pas sur les lieux, mais ses amis ont confirmé que c’est un élément de la BAC 13 qui a tué mon frère. Il est décédé sur place. Quand les jeunes ont voulu prendre le corps, les agents leur ont dit qu’ils vont tuer toute personne qui s’approcherait de lui. Mais les jeunes ont résisté et ont réussi à déplacer les corps ». Ce père de famille promet de porter l’affaire devant la justice : « Nous allons demander à ce que la vérité jaillisse parce que ce qui nous est arrivé est une barbarie. Je n’ai que des gamins, des bébés. C’est Idrissa qui faisait mes travaux. C’est lui qui m’aidait dans tout ce que je faisais, matin et soir. Nous demandons aux autorités de faire arrêter les tueries. Ils sont au pouvoir aujourd’hui, mais ils doivent savoir que les jeunes là constituent l’avenir du pays. C’est l’avenir du pays qu’on est en train de tuer ».
Oumou Hawa Barry, sœur aînée d’Idrissa, raconte les derniers moments de son frère : « On est resté ici jusqu’à 15h, je lui ai dit de ne pas sortir de la cour, il m’a dit qu’il n’y avait pas de manifestations. Il est allé chez son ami, je ne sais pas par quel moyen il s’est retrouvé au carrefour-marché. Je ne sais pas qui a tué, je ne chercherais pas à le Savoir, mais je ne pardonnerai jamais à celui qui a fait ça. Je m’en remets au bon Dieu ».
Outre le cas d’Idrissa Barry, les agents de la BAC ont été accusés de plusieurs autres bavures. Ils auraient rendu visite à une famille qui se préparait à un baptême à Wanindara 3 dans la soirée du jeudi. Ils ont chassé les femmes qui préparaient avant de partir avec les marmites qui contenaient de la viande. Dans une autre famille, deux ados ont été blessés par des éclats de vitres que les flics ont cassées.
Yacine Diallo