Alpha Grimpeur et son clan tiennent mordicus à envoyer les électeurs dans les urnes le 22 mars. Ils tiennent aussi à doter le bled d’une nouvelle Constitution, malgré l’opposition des principaux partis politiques et de la société civile. A cette crise politique s’est greffée le Coronavirus que l’Organisation mondiale de la Santé, OMS, qualifie désormais de pandémie. La Guinée tient déjà un cas positif : une belge travaillant pour la Délégation de l’Union européenne. Depuis des semaines, bien des pays ont choisi de se barricader, soit pour éviter la maladie, soit pour lutter contre sa propagation. C’est ce moment que l’Alphagouvernance choisit pour dérouler son agenda électoral. Un entêtement qui inquiète bien des citoyens de Cona-cris.
Boubacar Barry de Wanindara demande carrément l’arrêt du processus électoral : « Je crois que la santé vient avant tout. Quand une telle maladie se repend dans le monde, quand cette maladie fait des misères même aux grandes puissances, il faut penser à préserver la vie des Guinéens d’abord. J’exhorte les autorités à arrêter les opérations électorales jusqu’à ce que la pandémie coronavirus soit vaincue. C’est vrai que le virus Ebola avait fait mal à la Guinée, mais le coronavirus semble plus difficile à maîtriser. Le gouvernement ne doit pas mettre toute son énergie sur la campagne électorale ».
Sadou Diallo de Kiroti, lui, appelle le Grimpeur et le RPG à profiter de cette maladie pour trouver une solution à la crise politique guinéenne : « Nous avions déjà des inquiétudes par rapport à la sincérité de ces élections. Nous savions que ces élections ne pouvaient pas se tenir dans tout le territoire. Nous étions déjà en danger, et aujourd’hui, nous nous retrouvons avec une maladie qui fait peur même aux pays développés. Mais le gouvernement, lui, tient à ces élections. Pourtant, le gouvernorat de la ville de Conakry a pris des mesures, notamment l’interdiction des rassemblements. Il faut les respecter. Et quand on parle d’élections, ce sont des centaines de personnes qui vont se retrouver. Chacun va se frotter à l’autre. Donc, il y a un risque de propagation de la maladie. Nos autorités doivent profiter de cette situation pour revoir le fichier électoral, la date du scrutin. Ce n’est pas le moment de parler d’élections… »
Par contre, il y en a qui estiment que le double scrutin légis-tardif et référendaire peut se dérouler sans problèmes : « On peut tenir le scrutin à condition que les choses soient bien structurées. La maladie ne fait pas autant de ravages en Afrique qu’en Europe et en Asie. Et particulièrement en Guinée, nous n’avons qu’un seul cas. Je ne vois pas par quels moyens on peut lier les élections à une maladie qui n’existe presque pas dans le pays. Il faut organiser des élections bien cadrées », déclare Moussa chérif, de Kiroty.
Son voisin, Salif Sylla, quant à lui, attend de voir les mesures prises par le goubernement : « Tout dépendra des mesures que le gouvernement mettra en place. Rien n’est impossible. Si le gouvernement veut tenir ces élections, il peut le faire, mais il ne doit pas oublier que la santé de la population est primordiale. C’est aux autorités de voir si elles ont les moyens de doter les bureaux de vote des kits sanitaires. Au cas contraire, je ne trouve pas la nécessité de mettre les citoyens en danger ». Et toc ! Difficile de deviner s’ils se rendront aux urnes le 22 mars.

Yacine Diallo