Le 20 mars à Dubréka, quatre coordinations régionales ont appelé à une mobilisation générale afin de s’opposer «vigoureusement à la mascarade électorale» du dimanche 22 mars, jour du scrutin législatif et référendaire en Guinée. L’Union de la Basse-Guinée, la Coordination nationale des Foulbhés et Haali-poular de Guinée, la Coordination nationale des unions forestières et la Coordination de l’union de la Haute-Guinée regrettent que le Prési Alpha Grimpeur et son goubernement poussent les Guinéens à un scrutin «controversé, décrié, illégal et porteur de violences et d’instabilité politique et sociale ». Dans une déclaration conjointe, elles appellent particulièrement les femmes et les jeunes à s’opposer au «forcing» du Grimpeur, dont le seul but est de se maintenir au pouvoir, disent-ils. «Que les femmes fassent entendre leurs voix face aux crimes du pouvoir, au chômage endémique et à la crise cyclique de l’école et de l’économie». Pour les coordinations, le but est de protéger la Constitution en vigueur, préserver et renforcer l’unité nationale et les acquis démocratiques. Elles estiment qu’aller à ce double scrutin est une décision qui pourrait être lourde de conséquence. «Les quatre coordinations, vivant et partageant le quotidien des citoyens, leurs peines et leurs aspirations profondes, et voyant l’épuisement de toutes les voies de recours diplomatiques, juridiques, ne peuvent qu’appeler à un empêchement vaille que vaille du double scrutin législatif et référendaire du 22 mars».
L’Union de la Basse-Guinée, la Coordination nationale des Foulbhés et Haali poular de Guinée, la Coordination nationale des unions forestières et la Coordination de l’union de la Haute-Guinée ont aussi condamné «avec la dernière énergie, les violences en cours, les enlèvements, les déportations, les incendies criminels comme moyen de répression contre la population et la transformation du camp de Soronkoni en lieu de détention.» Elles invitent les farces de sécurité à observer la «stricte neutralité, de rester républicaines par le refus de la violation des lois et l’exécution des ordres illégaux, d’exercer leur devoir de protection des citoyens contre ceux qui pillent, torturent, tuent et incendient à ciel ouvert.» Et de fustiger : «Nous venons de comprendre une fois encore que le Président et son équipe ne veulent rien voir, rien comprendre. Ils s’entêtent et s’obstinent à commettre le parjure contre vents et marées en vue de réaliser leur projet de coup d’Etat constitutionnel leur permettant de s’éterniser au pouvoir, de continuer à piller nos ressources naturelles et mettre en péril le présent et l’avenir de la nation.»
El Hadj Ousmane Fatako Baldé, le prési de la Coordination nationale des Foulbhés et Haali-poular de Guinée, a exhorté le Prési Grimpeur et son goubernement à renoncer à aller à ce double scrutin, car selon lui, il n’augure rien de bon pour le peuple de Guinée. «Nous demandons à Alpha Condé et à son gouvernement de ne pas nous conduire à l’impasse, il ne faut pas qu’ils nous créent des problèmes comme dans d’autres pays. Qu’ils renoncent à cette décision, car elle n’est pas bonne pour la Guinée, ni pour aujourd’hui ni pour l’avenir. Il n’est pas trop tard pour mieux faire», ajoute-t-il.
El Hadj Sékhouna Soumah, le Kountigui de la Basse-Guinée, a déclaré qu’ils n’iront pas au vote à Dubréka. «Au Sénégal, les enfants ne vont pas à l’école, les déplacements sont limités, les gens sont à la maison à cause du coronavirus. Pourquoi le gouvernement guinéen nous appelle à voter, alors que la maladie est là ? Les Guinéens au Sénégal, en France, ne vont pas voter. Ici, on nous demande de voter, mais pourquoi ? Que voulez-vous de nous ? Ce quel genre de pouvoir ça », a pesté le Kountigui.

Yaya Doumbouya