Les violences enregistrées hier samedi laissaient déjà présager une journée de vote à haut risque. C’est le cas ce dimanche dans plusieurs quartiers la capitale Guinée-haine. A Kobayah, l’un des quartiers les plus chauds de la commune de Ratoma, il n’y a tout simplement pas eu de vote. Suite à la menace du FNDC d’empêcher ces élections contestées, les responsables de la CECI de Ratoma ont purement et simplement décidé de déplacer les bureaux de vote que ce quartier abritait vers le groupe scolaire Amadou Sylla, situé sur le littoral. Mais les rares électeurs qui souhaitaient glisser le bulletin dans l’urne ont eu du mal le faire. En fin de matinée, les jeunes opposés aux élections se sont attaqués à l’école. C’était la débandade. Quelques minutes plus tard, les flics regroupés au sein de l’Unité de sécurisation des élections (USSEL), aidés par les pro-mouvance, ont réussi à repousser les jeunes. La scène se transforme en affrontements entre pro et anti nouvelle Constitution. Sur la transversale n°5 qui relie Kobayah à Wanindara, des pneus sont brûlés, les routes barricadées et beaucoup de lampadaires arrachés. Peu avant 14h, trois jeunes ont été atteints par balles. Un d’entre eux dont la balle a transpercé la poitrine, décédera avant même d’arriver à l’hôpital. Il s’agirait de Hamidou Diallo, chauffeur de profession, originaire de Dalaba. Un autre jeune grièvement blessé est transporté à l’hôpital.

A Wanindara, l’atmosphère est plus chaotique. Seuls quelques bureaux de vote ont été ouverts vers 10h. Mais à l’école primaire de Wanindara, les jeunes ont réussi à chasser les agents du seul bureau de vote qui fonctionnait. Tout près de la t5, un bureau de vote devait y être installé. Mais vu la détermination des jeunes, les flics ont emporté l’urne. Des citoyens témoignent même avoir été obligés de voter pour le Oui à la nouvelle Constitution dans un véhicule de la police au Carrefour-marché. Des accrochages ont aussi éclaté entre manifestants et forces de l’ordre sur la bretelle qui mène à Kissosso. Les jeunes voulaient s’en prendre à un bureau qui serait installé dans ce quartier. Au moment où nous écrivions cette dépêche, des tirs nourris retentissent dans le quartier.

Yacine Diallo