Après les violents affrontements qui ont endeuillé des dizaines de familles dans la ville de N’Zérékoré, le Conseil supérieur de la diaspora forestière, CSDF, est monté au créneau le 27 mars. L’association, dans une déclaration, parle d’une soixantaine de morts, une centaine de blessés et la destruction de plusieurs édifices privés et de lieux de culte. Elle pointe du doigt nommément la responsabilité du pouvoir Grimpeur : « Des sources concordantes rapportent que le régime guinéen serait la racine de ces troubles. Son objectif serait la création d’un foyer de tension, afin de détourner l’attention de l’opinion internationale du double scrutin tenu récemment. D’autres soutiennent que la présence d’assaillants contre les autochtones de N’Zérékoré serait une expédition punitive contre eux pour s’être massivement opposés au changement de Constitution et au projet de 3e mandat », déclame Me Aimé Christophe Labilé Koné. Le Conseil supérieur de la diaspora forestière justifie cette thèse notamment par « la présence d’Amadou Damaro Camara (ex-patron de la majorité pestilentielle à l’Assemblée nationale, ndlr) qui est arrivé à N’Zérékoré, quelques jours avant les conflits. Sa présence sur le terrain suscite de profondes suspicions ».
Le CSDF accusent aussi des chasseurs traditionnels communément appelés « Donzos » et des militaires du camp de Kindia d’avoir une part de responsabilité dans ces tueries : « Sur la base de photos authentiques qui circulent sur les réseaux sociaux, il est établi que les donzos avaient été les gardiens des bureaux de vote, en appui aux forces de sécurité. Dans la période post-électorale, ces donzos quadrillent continuellement la ville en compagnie de militaires coiffés de bérets rouges. De sources crédibles rapportent qu’au moins une centaine de « bérets rouges » auraient quitté le camp de Kindia pour la ville de N’Zérékoré », lit-on dans le doc.
Dans une déclaration publiée le 26 mars, le parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, a accusé le leader de l’UFDG, principal parti de l’opposition, d’être derrière les violences de N’Zaly. Une manipulation, selon Me Koné : « Le coupable tout désigné du RPG arc-en-ciel, c’est l’UFDG. Partout où ils ont des difficultés, c’est l’UFDG qui est coupable. Ce qui s’est passé à N’Zérékoré, ce sont des politiciens en manque de visibilité qui ont manigancé tout. Nous ne pensons pas que le parti UFDG soit impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire ».
Le CSDF exige la libération des « jeunes injustement arrêtés et présentés par les médias, sur la base d’informations sommaires, comme étant les instigateurs des troubles qui ébranlent N’Zérékoré ». Il demande au Prési Alpha Grimpeur de donner des instructions fermes afin que les dépouilles des victimes nuitamment enfuies le mercredi 25 mars dans la forêt du 1er mai, soient, après autopsie, remises à leurs familles, pour leur inhumation dans la dignité ; non comme des prisonniers ou des criminels. Le Conseil exige surtout une enquête sérieuse afin de rechercher les auteurs et les commanditaires de ces exactions pour leur infliger des sanctions à la hauteur de leur forfaiture. Au cas contraire, il se réserve le droit de porter le cas devant les juridictions internationales.

Yacine Diallo