Par un concours de circonstances, la journée du jeudi 2 avril 2020 devrait être celle d’Alpha Condé. Journée de vérité, de contre-vérités et de spéculations à une très grande échelle. Le Président-Grimpeur en a profité pour taire des vérités, manipuler l’opinion, démentir par le petit écran, les nombreux bruits qui l’avaient cloué gratuitement au lit. Malheureusement, il n’est pas allé plus loin dans l’histoire récente du pays pour tirer les leçons qui s’imposent.

Tout a commencé quand des sources dignes de foi ont noté la présence à Cona-cris d’un avion médicalisé en provenance, jure-t-on, de chez Vladimir Poutine. Il n’en fallait pas plus pour qu’enflent les bruits qui couraient depuis belle lurette, faisant du président guinéen l’une des premières victimes du virus de körö. Malgré l’assurance de la veille, donnée par l’ANSS selon laquelle les plus proches collaborateurs du Président sont indemnes. Les travailleurs de Sékhoutouréyah victimes du méchant coronavirus, appartiendraient tous à la périphérie. Plus vous êtes proches du Chef, moins vous êtes contaminables. Ce qui n’a pas empêché la rumeur sur « l’évacuation d’Alpha Condé » de grimper dès que l’avion a pris les airs, « sans avoir déposé son plan de vol.»

Renseignements pris, dans les conditions que vous connaissez, Alpha Grimpeur était en train de piétiner ses propres recommandations pour tenir une réunion avec Rémy Lamah, Sakoba Kéita et tous les piliers de la mauvaise gouvernance sanitaire du pays. Ce n’est pas parce que le Président de la République méprise les médias qu’il ne doit pas se fâcher d’avoir été déclaré ainsi malade, mais parce que, opposant historique, il faisait orchestrer le même genre de « fake-news» à l’endroit du Général Conté. Celui-ci, souffrant d’un diabète sévère, allait se faire couper le pied au Maroc dès que son cortège dépassait la SIG-Madina, toutes sirènes dehors, en direction de l’aéroport de Gbessia. Alpha Condé, face à lui-même, n’a pas dû tirer la leçon du terroir qui « t’interdit de mettre sur la plaie d’autrui ce que tu ne souhaites pas que l’on mette sur la tienne. »

Le lendemain 3 avril, la RTG a diffusé une émission, non pas sur le 36è anniversaire du coup d’État du Général Lansana Conté, mais sur la rencontre entre Alpha Condé, l’OMS et les médecins qui se disputent la gestion opaque des «opportunités » du coronavirus. D’une pierre, il fait au moins trois cours et un appel du pied à Emmanuel Macron, en guerre comme lui, contre le virus maudit. Chacun de leur côté, les deux présidents ont tellement martelé le terme de « guerre » que l’image de Laurent Gbagbo à l’issue de la conférence de Marcoussis en janvier 2003, a fini par surgir. « Je n’ai pas gagné la guerre..» avait-il avoué.

Espérons qu’en 2020, ce ne sera pas le cas du président Macron et du Professeur Alpha Condé, même si pour le moment, ils ne s’entendent que sur la guerre…au virus. Le premier édicte des mesures d’accompagnement consécutives au confinement de ses compatriotes. Le second se fait accompagner de ses parasites pour rappeler aux Guinéens que les spéculations sur les évacuations sanitaires n’ont pas toujours marché chez nous. Surtout sous son règne. Pour peu que l’on veuille ouvrir les yeux, on peut le voir grimper en pleine forme. Même son tailleur a réussi à se départir de ses tuniques habituelles pour lui faire une chemise.

Le deuxième cours est destiné aux marchands de virus qui se livrent une guerre de tranchée sans merci, par trafic d’influence interposé. Pour rassurer ses compatriotes que c’est bien lui, Alpha Condé, qui est à la manœuvre, il commence sa communication par la conclusion, sans rien souffler des prémisses. C’est sur lui que retomberont les conséquences des magouilles en cours. On ne l’aurait pas reconnu s’il avait expliqué à l’opinion publique les hauts faits des médecins spécialistes de gabegie administrative et financière qui l’entourent. Mais, le Président Alpha n’arrive toujours pas à résister à la tentation de grimper sur une dose homéopathique de… manipulation dès lors qu’il apparaît devant la presse.

La troisième et dernière leçon que nous évoquerons ici est réservée à ces mêmes médecins. Aux Guinéens d’en tirer les conséquences. Alpha Condé fait prêter à cette honteuse assistance, le serment de Sékhoutouréya, puisque celui d’Hippocrate ne marche plus. Problème : à une occasion infiniment plus solennelle, devant la nation et le monde, il a prêté à deux reprises un serment qu’il n’a pas hésité à violer. Ce n’est pas celui-là qui y échappera. Tout le monde le sait.

Diallo Souleymane