Il ne fait pas bon d’avoir la peau noire en terre chinoise ces derniers temps. Depuis la survenue de l’épidémie de COVID 19, de nombreux témoignages de pratiques discriminatoires à l’endroit des africains ont été signalés. En réaction, plusieurs ambassadeurs de pays africains accrédités en Chine se sont fendus d’une lettre de protestation, adressée à Pékin avec ampliation au président de la Commission de l’Union Africaine, au Directeur Général, Conseil des Droits de l’homme à Genève et aux ministères africains des Affaires Étrangères. Lisez !

Le Groupe des ambassadeurs africains à Pékin présente ses compliments au ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine et au Département international du Parti communiste chinois et a l’honneur de donner suite à une réunion avec certains ambassadeurs africains tenue le Le jeudi 9 avril 2020 proteste fermement contre les tests et la mise en quarantaine et les mauvais traitements en cours contre les ressortissants africains en Chine et dans la province du Guangdong en particulier.

Le Groupe des ambassadeurs africains apprécie les excellentes relations entre la Chine et nos pays africains respectifs qui remontent à la lutte de libération de l’Afrique, le soutien de l’Afrique à la Chine, en particulier pour l’obtention du siège permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cet effort de collaboration s’est également manifesté dans la lutte en cours contre la pandémie de COVID-19 et les diverses aides accordées à nos pays par le Parti communiste chinois sous la direction de S.E Xi Jinxing.

Il est donc inquiétant, à la suite de cette excellente coopération et de cette amitié mutuelle, que le Groupe des ambassadeurs africains observe avec consternation la discrimination et la stigmatisation des Africains qui les obligent à subir, de manière très grossière, une enquête épidémique et un test d’acide nucléique, quatorze (14) jours de quarantaine même s’ils n’ont pas voyagé hors de leur territoire, n’ont pas été en contact avec des personnes infectées, n’ont pas été en contact étroit ou ne présentent aucun symptôme du COVID-19.

Le Groupe tient à souligner le fait que les Africains en Chine ont à tout moment respecté les lois chinoises, en particulier pendant la période de cette flambée. Nous n’avons pas et ne pouvons pas nous rappeler que les autorités chinoises ont signalé un cas où nos ressortissants ont violé les lois et réglementations anti-pandémiques du gouvernement chinois. Par conséquent, la distinction des Africains pour les tests et la quarantaine obligatoires, à notre avis, n’a aucun fondement scientifique ou logique et équivaut à du racisme envers les Africains en Chine.

Nous tenons à souligner que l’amitié entre l’Afrique et la Chine doit être réciproque et non pas à sens unique. Malheureusement, nous avons reçu des informations inquiétantes sur des traitements inhumains infligés aux Africains, en particulier dans la province du Guangdong, et nous aimerions en énumérer quelques-unes:

● Des ressortissants africains expulsés, y compris des Togolais, des Nigérians et des Benenois de leurs hôtels au milieu de la nuit uniquement parce qu’ils sont africains;

● Un groupe d’étudiants africains étudiant à l’Université Sun-Yat Sen de Guangzhou a dû subir le test d’acide nucléique, malgré le fait qu’ils n’avaient pas d’antécédents de voyage dans la période indiquée.

● Test sélectif des étudiants africains alors que leurs collègues non africains sont exclus.

● Il y a eu des cas d’hommes africains mariés à des femmes chinoises et on leur a demandé de passer le test COVID-19 et leurs familles chinoises ont été laissées de côté. Dans certains cas, les hommes ont été retirés de leur famille et mis en quarantaine dans les seuls hôtels.

● Expulsions forcées d’Africains de leurs différents appartements et jetés dans la rue, même ceux avec des enfants en bas âge.

● Saisie de passeports de ressortissants africains en violation des pratiques et conventions internationales

● Harcèlement et humiliation persistants des ressortissants africains en les soumettant à des examens médicaux injustifiés après un test négatif pour le COVID-19, et forcés de mettre en quarantaine, indépendamment de leur statut négatif;

● Menaces de révocation de visas, d’arrestation, de détention et d’expulsion de migrants légaux africains sans motif valable qui portent atteinte à leurs droits fondamentaux.

De ce qui précède, l’impression se crée comme si la propagation du virus était causée par des Africains contrairement au fait qu’en Chine et dans le monde, les Africains sont les moins exposés au COVID-19. OU existe-t-il une autre raison pour laquelle les Africains sont cible autre que COVID-19 que nous ignorons?

Nous voudrions également attirer votre attention sur le possible contrecoup dans notre pays d’origine de cette violation évidente des droits de l’homme. Le Groupe des ambassadeurs africains à Pékin exige immédiatement la cessation des tests de force, de la quarantaine et des autres traitements inhumains infligés aux Africains de la province du Guangdong en particulier et de l’ensemble de la Chine et exige également que les Africains soient traités de la même manière que les Chinois et les autres ressortissants du pays.

Le Groupe des ambassadeurs africains à Beijing saisit cette occasion pour renouveler au Ministère des affaires étrangères de la République populaire de Chine et au Département international du Parti communiste chinois les assurances de notre très haute considération.

BEIJING, 10 AVRIL 2020