A quelque chose, malheur est con. Le FMI, Fonds monétaire international, a approuvé un allégement immédiat du service de la dette pour 25 de ses pays membres, au titre du fonds fiduciaire réaménagé d’assistance et de riposte aux catastrophes (fonds fiduciaire ARC). Cela s’inscrit dans le cadre des mesures que le FMI prend pour aider ses pays membres à faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Parmi les bénéficiaires se trouve la Guinée. Ce qui revient à annuler une partie de la dette de ces pays envers le FMI. Le fonds fiduciaire ARC peut fournir « un allégement du service de la dette sous forme de dons à hauteur d’environ 500 millions de dollars, comme ressources immédiatement disponibles », a annoncé la dirlo du FMI, Kristalina Georgieva.
La France elle, voulait une annulation de la dette des pays africains. Elle a obtenu un moratoire du club de Paris (les pays prêteurs) et du G20. Cette année, les 76 pays les plus pauvres de la planète, dont quarante pays africains, devaient rembourser un total de 32 milliards de dollars ricains. Paris a obtenu le moratoire au niveau des créanciers bilatéraux et privés, c’est-à-dire un total de vingt milliards de dollars. La Chine, qui est l’un des plus gros créanciers de l’Afrique, a accepté ce principe. Il reste les 12 milliards de créances dus par ces pays à la Banque mondiale. Même si beaucoup de pays dépensent davantage en remboursement de dette que pour leur système de santé, certains créanciers publics et privés ne sont pas encore favorables à une annulation.

Besoin d’aide

L’Afrique a retenu l’attention du monde entier. C’est pourquoi les pays riches et les institutions ont mis la main à la poche. Le FMI a mis 100 milliards de dollars à disposition de ses 189 membres qui ont besoin de pognon. La Banque Mondiale, 14 milliards de dollars pour l’Afrique et sur quinze mois 160 milliards supplémentaires pour les pays en voie de développement. La BAD, Banque africaine de développement, 10 milliards de dollars (le plus ambitieux jamais élaboré par l’institution), 1,4 milliard de dollars sur les 10 iront directement au secteur privé. Le reste sera réparti entre une aide directe aux États et le renflouement du Fonds africain de développement. L’Union européenne, 14 milliards d’euros par la prési de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen. L’enveloppe ira à 90% aux pays africains, et en particulier aux entreprises qui bénéficieront de 8 milliards d’euros sur les 14 proposés. La France annonce 1,2 milliards d’euros en aide sanitaire et alimentaire pour un groupe de dix-neuf pays. Afreximbank, 3 milliards de dollars, la banque d’import-export africaine, a elle aussi concocté son plan de soutien à l’Afrique.

La Guinée, dans tout ça

La Guinée fait partie des bénéficiaires, et pour la deuxième fois après 2015 au temps d’Ebola. Sauf qu’au temps d’Ebola, les fonds ont servi à autre chose. A date, la Guinée ne dispose pas d’un centre de traitement spécialisé, pas d’hôpital spécialisé en traitement des maladies infectieuses et tropicales, pas de personnels soignants suffisants (le bled compte à peine un médecin pour 10 000 habitants, selon l’Atlas mondial de la santé de l’OMS, publié en août 2009). Si le moratoire est une bonne chose, les autorités guinéennes pourraient ne pas mettre cet argent à disposition du système de santé. L’on a en mémoire, l’atteinte du point d’achèvement PPTE obtenu en 2012. Les citoyens attendent encore les retombées de ce succès de l’Alphagouvernance, puisque de la couleur des sous, ils sont rassurés de ne point la voir.

Oumar Tély Diallo