Le fascinant peuple des Etats-Unis ne finira jamais d’étonner le monde. Ce pays de paysages variés, de contradictions, d’efforts, de rigueur, de justice a choisi le dernier lundi du mois de mai de chaque année pour remémorer les militaires morts, toutes guerres confondues, toutes causes confondues. On a appelé ce lundi qui est férié sur toute l’étendue du pays «mémorial day», «jour du souvenir».
Le lundi 25 mai 2020, s’est produit un drame aux conséquences mondiales.
Dans l’après-midi, un citoyen noir américain, du nom de George Floyd, habitant dans un quartier de la ville de Minneapolis, est allé acheter des cigarettes dans un magasin. Le caissier a soupçonné le billet de 20 dollars de faux. Il fait appel à la police municipale en affirmant qu’il a un client ivre. Floyd est alors arrêté et menotté. Bizarrement, trois agents l’immobilisent en le mettant au sol. Un autre, pendant 8 minutes 46 secondes l’étrangle, l’empêchant de respirer. Cette scène horrible et dramatique a été filmée par ceux qui assistaient au drame et l’image a été diffusée par les réseaux sociaux. Cela a choqué et révolté.
Le président Trump, à la vue de ces images a affirmé que la loi sera appliquée et respectée. Cette déclaration du Président américain a été faite au moment où il était accompagné par le Secrétaire d’Etat à la défense et le chef d’Etat-major. Aussitôt, les généraux sont sortis de leur discrétion et de leur silence.
L’ancien chef d’Etat-major des armées a alors écrit sur «Twitter» que le pays n’est pas «un champ de bataille» et que ses « citoyens ne sont pas des ennemis ». Un autre général, John Allen a affirmé que la menace de Trump d’utiliser l’armée sur le sol américain faisait penser à «ce qui arrive dans les régimes autoritaires», «cela n’arrive pas aux Etats-Unis et nous ne devrions pas le tolérer». Le Général Douglas Luke, membre du conseil de sécurité de George W. Bush et de Barack Obama a déclaré que l’armée américaine est faite pour défendre le pays et la nation.
Ces généraux ont vu sur les réseaux sociaux la détresse de Floyd et son dramatique appel à la vie: «s’il vous plaît, je ne peux pas respirer». Écrivons avec fierté que l’armée américaine est patriotique et nationale. Elle défend un système qui est bâti sur le respect des principes de gestion, sur l’amour du citoyen et du pays.
L’ancien président des États Unis, Jimmy Carter, 95 ans, a également réagi: «nous sommes de tout cœur avec les familles des victimes et tous ceux qui se sentent désespérés face à la discrimination raciale omniprésente et la cruauté pure et simple».
La population américaine, sans distinction de couleur, de situation sociale, d’âge a totalement condamné cette discrimination dirigée contre les noirs américains. Les grandes villes: Washington, New York, Los Angeles, Houston, Chicago… se sont levées pour réclamer la justice humaine, républicaine et administrative. Cette année 2020 a marqué un tournant dans l’histoire de cette société d’émigrés. Toute la population blanche, noire, jeune dans la majorité a crié sa désapprobation. Sa jeunesse, ses indigents, tous ces révoltés, en partie, ont violenté, pillé et incendié.
Sur l’autre continent l’Europe, le «réveil» de l’humanisme, de la vérité sociale, ont aussi prévalu. Les anglais, à Londres, dans leur manifestation ont exigé le démantèlement de la statue de Cecil Rhode, ce colon britannique.
En Belgique, les manifestants ont aussi exigé le démantèlement de la statue de Leopold II, le «propriétaire» du Congo Léopold Ville (Zaïre). Cette révolte, la désapprobation de certains gouvernements, doit donner à réfléchir à la jeunesse guinéenne. Elle doit se préparer à bâtir une nouvelle société politique qui doit être élaborée sur des principes et gérée par des représentants non des «chefs suprêmes». Le parti doit appartenir à tous les militants.
La Guinée dans sa réalité doit posséder une armée, une gendarmerie, une douane, une police qui obéissent à l’esprit et aux principes de la République. La jeunesse guinéenne (universitaire et futurs politiques) doit apprendre à gérer et obéir à des valeurs humaines et sociales dans leurs diversités, dans l’esprit de la Constitution et de la République.
Cette révolution sociale des Etats-Unis doit inspirer la jeunesse politique de l’après 2020, différente de la gestion d’aujourd’hui.
Encore Jimmy Carter a conseillé. Ce conseil doit être aussi appréhendé par la nouvelle Afrique: «les gens en position de pouvoir, de privilège et de conscience morale, doivent résister et dire ça suffit à une police et un système judiciaire qui discriminent, aux inégalités économiques immorales entre blancs et noirs, ainsi qu’aux actions politiques qui sapent notre démocratie unie.»
Ne devons-nous pas conclure fièrement, avec les réflexions de cet africain, Terence, né à Carthage, Tunisie en 190 avant Jésus Christ et mort très jeune à Rome en 159 avant Jésus Christ.
L’universalisme de Terence est repris par toute personne, toute communauté qui aime l’être humain. «Homme, il n’est rien d’humain qui me semble étranger».
«Plus on est puissant, riche, heureux, bien né, plus on doit se porter à pratiquer la justice, si l’on veut passer pour homme de bien.»

Diallo I