Le Président guinéen qui ne parvient pas, ou ne souhaite pas  relancer le dialogue politique en Guinée est aujourd’hui vent debout pour sauver son ami de l’Internationale Socialiste, Ibrahima Boubacar Kéïta, Président du Mali. Alpha Condé était même prêt à se rendre à Bamako en début de week-end pour tenter de dénouer la crise politique qui risque d’emporter IBK. Mais Alpha Condé, connu comme un vrai ami d’IBK, n’est pas vraiment le mieux placé pour réconcilier les Maliens. L’opposition malienne qui estime que le Président guinéen cherche à aider au maintien d’IBK au Palais Koulouba, pour des raisons dont la plupart sont inavouées, lui a gentiment demandé de ne pas effectuer le déplacement de Bamako. Au risque de se voir humilié par le peuple malien. La Coalition groupée au sein du Mouvement du 5 Juin qui réclame le départ du Président IBK, ne souhaite pas du tout entendre un message contraire de la part de Conakry.

L’opposant malien, Mariko, qui s’était rendu en Guinée pour soutenir Alpha Condé dans son entreprise de tripatouillage de la Constitution, s’est montré intransigeant envers Sékhoutouréya.  Il soupçonne « le président Alpha Condé de vouloir venir ici au Mali. S’il vient au Mali pour abonder dans le même sens que le peuple malien, il va être applaudi, mais s’il vient au Mali avec l’intention de sauver son petit-frère, je crains fort pour mon grand frère, parce que les Maliens n’accepteraient pas ça, il risque d’être assimilé à IBK et ça ne lui fera pas une recette positive ». Voici une réponse, on ne peut plus, cinglante. Pour Mariko, il n’est pas souhaitable qu’Alpha aille au Mali pendant cette période.

Plus d’un observateur tarde à comprendre les démarches du Président guinéen dans un contexte où la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déjà des émissaires à Bamako. Deux solutions seraient sur la table. La CEDEAO souhaite l’organisation d’élections partielles dans les localités où le scrutin a été fortement contesté et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Mais les opposants persistent et signent, la démission du Président Ibrahima Boubacar Kéïta doit être une des bases des négociations.

Le 5 juin et le 19 juin 2020, à l’appel de trois organisations – la Coordination des mouvements et associations sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS) ; le mouvement Espoir Mali Koura (EMK) ; et le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD)- plusieurs milliers de Maliens ont convergé vers la Place de l’Indépendance à Bamako pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Les médias maliens rappellent que le manque de dynamique pour espérer le changement que le président Ibrahim Boubacar Keïta avait incarné au moment de son élection en 2013 a fini par convaincre de nombreux Maliens qu’il n’est plus la solution. « Boua dessera, Boua Ka bla » (en langue bambara, « le vieux ne peut plus, qu’il laisse le pouvoir ». S’il continue à se mêler des affaires maliennes, les maliens pourraient bien lancer ce slogan à Alpha Condé.