Depuis des mois, la pandémie de la covid-19 sévit dans le monde et continue de faire des victimes. En Guinée, malgré les restrictions instaurées par le Grimpeur et son clan scientifique pour lutter contre la propagation de la pandémie, le pays a franchi la barre des 5000 contaminés. On a aussi enregistré plus de 25 morts hospitaliers, officiels, selon les statistiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Les autres enterrements qui se font quotidiennement dans nos divers quartiers n’ont pas encore révélé tous leurs secrets.

Même si les activités semblent avoir repris depuis quelques semaines, le secteur du commerce, lui, reste encore impacté. Les nounous qui vendent des produits en provenance de l’intérieur du pays n’arrêtent pas de se plaindre du retard et du pourrissement de leurs marchandises.  Barrages et routes scabreuses obligent ! « Moi, je vends du gombo, de l’aubergine et du piment. Je vais acheter ces condiments à Faranah ou à N’Zérékoré pour venir les revendre à Conakry. Mais la situation est très compliquée actuellement parce que non seulement le transport est cher, mais aussi il y a beaucoup de barrages sur la route. A cela s’ajoute le mauvais état des routes. Partout, les trous le disputent à la boue. Ce qui fait que nos produits pourrissent avant d’arriver à destination. Notre souhait aujourd’hui est qu’on lève les barrages qui nous fatiguent et que l’Etat diminue les frais de transport. Si on ouvre même les écoles sans diminuer les frais de transport, cela ne fera qu’aggraver la souffrance de la population,» a indiqué une commerçante, dame Fanta Oularé.

Ces nounous qui se battent nuit et jour pour avoir quoi manger, se retrouvent confrontées à d’énormes difficultés. Pour soulager leurs souffrances, Bintou Camara, vendeuse au marché de la Tannerie, dans la commune de Matoto, sollicite l’aide de l’Etat. « Cette histoire d’état d’urgence sanitaire nous fatigue énormément. Ces derniers temps, nous souffrons beaucoup. Nos marchandises, l’alloco notamment, qui viennent de Kissidougou, pourrissent sur la route. Quand ces marchandises arrivent au prix de mille difficultés, nous ne parvenons même pas à les écouler. Aussi, subvenir aux besoins de nos familles est-il devenu un vrai casse-tête guinéen. Pour tout compliquer, il faut savoir que nos époux sont au chômage. Nous survivons grâce à ce commerce. C’est ici que nous cherchons la dépense. Nous ne savons rien faire d’autre que vendre. A notre corps défendant, nous voici gagne-pain des familles en détresse. Il faut que le président de la République pense à nous ! Nos aubergines, nos piments et nos bananes pourries nous pourrissent l’existence. Qu’on nous vienne en aide maintenant. C’est nettement mieux que de le faire à titre posthume !»

Marguerite Mara