Le président Alpha Condé surprend toujours dans sa manière de gouverner la Guinée, un pays qu’il gère sans partage depuis maintenant une décennie. Il était resté totalement sourd aux appels au dialogue et avait, droit dans ses bottes, organisé le double scrutin du 22 mars 2020. L’opposant historique avait organisé cette mascarade électorale dans un contexte particulier de crise sociopolitique et sanitaire sans précédent. Après avoir finalement atteint ses objectifs, Alpha Condé veut maintenant tendre la main à ses opposants qu’il a toujours roulés dans la farine.

Seulement voilà, le dialogue politique qu’il a annoncé avant l’élection présidentielle tant attendue d’octobre 2020 ne semble pas trouver d’échos favorables auprès de l’opposition, notamment à l’UFDG et l’UFR : « Jusqu’à présent, Alpha Condé s’est montré roublard quand il est question d’apporter des solutions saines et porteuses d’espoir pour notre pays », fait remarquer Ousmane Gaoual Diallo, le Directeur de la Cellule de communication de l’UFDG. Le 11 juin dernier, à la présidence de la république, Alpha Condé, a, à travers une sobre cérémonie, décoré, à titre posthume, l’ambassadeur américain, Simon Henshaw, décédé dans la soirée du 9 juin à Conakry des suites d’une crise cardiaque. A cette occasion, le président Condé a furtivement annoncé l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition. Ousmane Gaoual Diallo a tout de suite réagi : « On ne fait pas un dialogue pour un dialogue. Quels sont les sujets à débattre ? Quels sont les protagonistes ? Quelles sont les garanties ? Ce sont des questions majeures pour aller à un dialogue. Parce qu’il n’est pas question pour nous d’aller parler autour d’une table avec des gens qui sont en train d’opérer un coup d’Etat constitutionnel dans notre pays. Les préalables à remplir sont connus. L’un des plus importants, c’est qu’Alpha Condé s’engage solennellement à respecter les termes de son mandat, à respecter l’esprit et la lettre de la Constitution qui l’a porté comme Chef d’Etat où il est clairement indiqué qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat consécutif, c’est fondamental pour nous ». Puis, il a ajouté que si le président Alpha Condé ne peut pas respecter la Constitution  ainsi que ses engagements internationaux, il n’y  a pas de raison de croire qu’il respectera les termes d’un dialogue. « Pour nous, cette annonce, c’est de la poudre aux yeux. Elle n’a aucune crédibilité, aucune sincérité. Sur quoi dialoguer lorsqu’on a falsifié la Constitution ? De quoi allons-nous parler lorsqu’on a perpétré un coup d’Etat contre les institutions ? Parce que pour nous, et Alpha Condé et l’Assemblée nationale sont des institutions occupées par des putschistes et leurs complices ».

Par contre, le chef de la majorité à l’actuel parlement, Aly Kaba, prévient pour sa part qu’il ne pose pas de préalable pour aller au dialogue : « Un dialogue est avant tout une opportunité de soulever toutes les préoccupations et tous les problèmes par les différents acteurs autour de la table. Par conséquent, je ne pense pas que des préalables insurmontables soient brandis dès l’entame. Il faut donner la chance au dialogue de s’ouvrir, en définissant le cadre et l’ordre du jour. Avec les débats, les sujets essentiels pour un dialogue inclusif seront abordés avec mesure et sérénité. Mais un dialogue inclusif ne commence pas par l’exclusion d’un camp important au dialogue ». Les contradictions pointent déjà à l’horizon.

Bah Mamadou