Les 7 et 13 juin, deux grenades ont explosé respectivement à Labé et à Beyla. La première a fauché quatre enfants, la seconde a fait deux morts dont un bébé et sept blessés. L’on se demande pourquoi le gouverneur de Labé, Madifing Diané et le Président Alpha Condé se sont empressés d’évoquer un «acte terroriste», après l’explosion à Labé, le 7 juin, capitale du Fouta. Le drame provoque l’émoi à Labé, mais cela semble susciter peu la compassion du gouvernement. Il y voit plutôt «un acte terroriste» orchestré dans un fief opposé. «Des gens qui font entrer des armes, voyez-vous-même que de pauvres enfants sont décédés à Labé en jouant avec une grenade. Vous savez aussi que le 21 mars, des gens ont mis des grenades à une station d’essence pour la faire exploser. Tout cela pour effrayer des gens pour ne pas qu’ils votent le 22 mars 2020. Des gens qui posent des actions terroristes sont plus des terroristes que des politiciens. Les conséquences de cela se sont passées à Labé. Des gens qui utilisent des grenades comme armes politiques, nous savons ce que ça donne», a réagi le Président Alpha Condé. Sauf que la grenade qui a causé la mort de ces enfants, juchait dans un sac placé dans une cachette au quartier de Poréko, non loin de la garnison militaire d’El Hadj Oumar Tall. A la surprise générale, le Chef de l’Etat, a encore cour-cuité la justice, puisqu’au moment où il évoquait «un acte de terrorisme», pour ainsi reprendre les propos de son gouverneur, aucune enquête n’était à ce moment-là ouverte.

Désaveu au Président

Le 11 juin, la justice s’est réveillée quand-même. Elle a inculpé le capitaine Hassimiou Diallo alias ‘’Ben Laden’’ pour détention illicite d’armes légères et de dépôt dans une intention criminelle d’un engin explosif, juste après une percussion. Fallou Doumbouya, le procureur de Labé, a déclaré que les officiers de la police judiciaire ont comparé les grenades enregistrées officiellement au niveau du camp El Hadj Oumar Tall à celles retrouvées sur les lieux de l’explosion, mais il en a résulté aucun lien. «La catégorie de grenade trouvée sur le site de l’explosion fait partie d’un lot de grenades offert par la France à la Guinée en appui lors de l’agression rebelle de 2000. Ces grenades ont été distribuées le long des frontières sud de la Guinée, c’est-à-dire à Pamelap (Forécariah), Madina Oula (Kindia), à Kissidougou et à Gueckedou», explique le magistrat, ajoutant que cette arme de guerre n’a pas été destinée à la garnison de Labé.

L’explosion à Beyla, un accident

Le 13 juin, aux environs de 17 heures à Beyla, deux enfants ont été tué et sept autres blessés dans l’explosion d’une grenade, selon un communiqué du ministère de la Sécurité et de la protection civile, daté du 14 juin. Cette fois, ni le gouverneur de la région, ni le Président Alpha Condé n’ont parlé de terrorisme. Manque d’audace ou de volonté ? «C’est une explosion accidentelle», se contente de relayer le gouvernement. C’est curieux, non ! «Il porte curieusement l’objet à son domicile situé à 700 mètres plus loin. Son père âgé de 67 ans a maladroitement manipulé ledit objet qui a explosé dans ses mains le tuant sur le coup et faisant sept autres blessés dont un bébé de trois ans qui a également succombé de ses blessures à l’hôpital régional où ils étaient admis pour les soins », détaille le communiqué. La position du gouvernement demeure floue. Pourquoi terrorisme à Labé, accident à Beyla ?

Yaya Doumbouya