La majorité des Guinéens (63 %) pensent que le niveau de la corruption a augmenté, malgré les « efforts » du gouvernement de lutter contre ce fléau. Les juges et magistrats, les agents des impôts et les policiers sont perçus comme étant les corps les plus corrompus, selon une enquête d’Afrobarometer, publiée le 19 juin dernier.
L’enquête a été menée fin 2019 et sans surprise, le niveau de perception de la corruption est à la hausse, malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre ce fléau. Les juges et les magistrats sont perçus comme étant la frange de fonctionnaires la plus corrompue, avec 56 % des citoyens qui pensent que « tous » ou « la plupart d’entre eux » sont impliqués dans des affaires de corruption. Viennent ensuite les agents des impôts (50 %) et les policiers/gendarmes (49 %). Les chefs religieux et traditionnels ont plus de crédibilité (79 %) que le personnel du service public. « La confiance des citoyens envers les institutions est faible, ce qui est susceptible d’entraîner des défiances populaires ». Presque deux tiers des Guinéens (63 %) estiment que le niveau de la corruption a « quelque peu » voire « beaucoup » augmenté pendant l’année précédant l’enquête. Cette tendance a connu une hausse de 25 points de pourcentage depuis 2015.
L’une des raisons qui expliquerait la corruption est l’impunité, qui fait que 70 % des Guinéens témoins de faits de corruption n’osent pas dénoncer. D’ailleurs, une bonne partie des citoyens ont eu recours à la corruption pour obtenir des services et avantages dans le secteur public, révèle l’enquête. Le gouvernement répond « plutôt mal » ou « très mal » à la problématique de la corruption au sein de l’administration publique, pour au moins huit Guinéens sur 10 (82 %).
Selon l’enquête, 47 % de Guinéens estiment que le Président et les officiels de la Présidence sont impliqués dans des faits de corruption. Cette proportion passe à 46 % pour les fonctionnaires, 44 % pour les députés à l’Assemblée nationale, et à 38 % pour les conseillers municipaux.
La Guinée occupe la 130e place sur 180 pays de l’Indice de la Perception de la Corruption de Transparency International (2019). En juillet 2017 a été adoptée une loi relative à la lutte contre la corruption, qui rendait les crimes économiques « imprescriptibles » conformément à la Constitution de 2010. Un an après, les directeurs généraux de l’Office Guinéen des Chargeurs et celui de l’Office Guinéen de Publicité sont jugés et condamnés pour corruption. Depuis, plus rien, si ce n’est une nouvelle Constitution, qui retire le caractère imprescriptible des crimes économiques.

Oumar Tély Diallo